« Nouveaux visages de l’Arabie saoudite » est le titre pompeux choisi pour le colloque qui sera organisé au Sénat français, le 23/05, en présence de l’ambassadeur du royaume Khaled al-Ankary, un diplomate parfaitement bien rôdé à l’exercice de la communication et du lobbying. Ce colloque, placé sous le patronage du Président du Sénat Gérard Larcher, coïncide avec une succession de visites à Paris de responsables saoudiens, dont le prince héritier, vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz, et le prince héritier du prince héritier, deuxième vice-Premier ministre, ministre de la Défense Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz. L’ouverture du Sénat devant l’ambassadeur du Gardien des lieux saints, même pour un colloque, n’est pas une chose commune ou anodine… Cette initiative répond parfaitement aux grandes lignes de la stratégie de communication et de lobbying, élaborée sous l’autorité directe du cabinet de MBS et suivie par son Ministre des affaires étrangères Adel al-Jubeïr, et dont un volet est spécialement dédié à la France et au « public » français. Pour Riyad, et pour MBS en particulier, il s’agit d’exploiter une série d’opportunités de diverses natures, géopolitiques, politiques ou économiques, afin d’opérer une transformation générale de l’image de l’Arabie saoudite en France, indépendamment des évolutions politiques franco-françaises. Probablement que MBS réussira son pari, en partie.
La France n’est pas les Comores où il a suffi de quelques subsides pour récupérer tout le pays, jusqu’à pousser son gouvernement à couper ses liens avec l’Iran. La France n’est pas non plus la Russie qui semble, encore aujourd’hui, insensible à tout l’or noir du royaume, et qui ne manifeste, et de manière occasionnelle et opportuniste, que quelques signes d’ouverture, sans lendemain, sur les Al Saoud (Moscou coopère, sur dossier, avec les Saoudiens, sans rien céder sur ses choix stratégiques : Syrie, Iran). La France n’est pas l’Egypte qui est tellement dépendante, actuellement, du soutien saoudien, qu’elle adhère, sans grande conviction parfois, aux choix stratégiques saoudiens (rétrocession des deux îles sur la Mer Rouge, positions anti-Hezbollah etc.). Mais la France peut être tout cela à la fois… Cela arrange l’Arabie saoudite dont la politique extérieure n’a jamais été autant obsédée par l’Iran. C’est donc pour avoir la France à ses côtés dans son conflit avec l’Iran que l’Arabie saoudite communique aussi intensivement aujourd’hui à Paris. Ou tout au moins, pour retarder, voire contenir indéfiniment, l’émergence d’un véritable lobby pro-iranien à Paris qui irait à l’encontre des intérêts franco-saoudiens…
Dans cette note de 3.591 mots, MESP revient sur
- les principaux thèmes sur lesquels se concentre (ou doit se concentrer) la stratégie de communication saoudienne implémentée en France, et sur
- les principaux lobbies qui doivent être visés en priorité par les Saoudiens afin de réussir l’implémentation de leur stratégie française.
Dans cette note, réservée à ses clients, MESP
- dresse un premier bilan de la campagne de communication menée pour le compte des Saoudiens à Paris, les experts et autres lobbyistes de circonstance, et
- souligne les points faibles de cette communication.
Enfin, dans cette note, MESP (v) tente une comparaison des grandes lignes des stratégies de communication et de lobbying menées par Riyad et ses consultants à Washington, Londres et Paris.
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