Publié dans le numéro 15 de la LettreM.
Au Moyen-Orient, les partenaires et interlocuteurs du Président français Emmanuel Macron décodent, progressivement, le sens et la portée de ses initiatives et actions. S’ils y voient de la réactivité (comme dans le cas du dossier nucléaire iranien ou celui de la crise du Qatar), de l’opportunisme même (comme dans le cas de la crise libanaise avec l’affaire Hariri ou de la question de Jérusalem), et du pragmatisme (comme lorsqu’il brise le tabou de la reprise du dialogue avec Assad et ses représentants), ils ont toujours du mal à y voir une vraie politique, encore moins une stratégie de long terme.
Les premiers mois du mandat Macron auraient donc été fondateurs pour le renouvellement de la présence française sur les dossiers du Moyen-Orient dont Paris s’était éloigné, ou pour consolider de précédents acquis. Mais encore, toutes ses initiatives, actions et réactions, qui rendent la France visible et bien présente, ne comblent toujours pas l’absence, aux yeux de ses partenaires et interlocuteurs moyen-orientaux, d’une politique moyen-orientale ou arabe et d’une stratégie élaborée aux contours bien définis.
Pourtant, la France gagne en crédibilité aux yeux de ces mêmes acteurs régionaux. Ce paradoxe a plusieurs explications : (i) le dynamisme d’un pouvoir qui veut prendre rapidement ses repères sur la scène moyen-orientale et y marquer son territoire, (ii) le vide que laissent les autres acteurs internationaux (et la Présidence Hollande aussi) et qui est synonyme d’opportunité pour la France , (iii) les multiples leviers d’actions et d’influence dont dispose la France et qui sont exploités à bon escient et de manière coordonnée par l’Elysée, (iv) la perte de repères chez de nombreux acteurs régionaux secoués par des évolutions inédites, d’ordre interne, régional ou international, et qui rend la France attrayante dans ce contexte.
En 2018, la France aura certes à saisir de nouvelles opportunités pour exister sur les dossiers du Moyen-Orient. Elle lancera de nouvelles initiatives sur la zone et y mènera de nouvelles actions. Mais, 2018 devrait être l’année de l’implémentation des initiatives et celle de la clarification de la nouvelle politique arabe et/ou moyen-orientale de la France.
Depuis mai 2017, Emmanuel Macron a montré qu’il est flexible et libre des engagements idéologiques de ses prédécesseurs. Il a fait preuve de détermination à imposer le retour aux affaires de la France sur la scène moyen-orientale. Il a démontré sa capacité à réagir à chaud, et à saisir les fenêtres de tirs qui s’offraient à lui dans des contextes complexes. Surtout, le Président français s’est montré doué dans la coordination des dossiers moyen-orientaux, même les plus contradictoires. Sera-t-il en mesure d’imposer une véritable politique pour la France au Moyen-Orient ?
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