Publié dans le numéro 14 de la LettreM.
A ce stade, il nous paraît inapproprié de tenter un bilan, même partiel et provisoire, de l’action menée par le Président Emmanuel Macron sur la zone MENA, même pour des dossiers ponctuels. Mais on ne prend pas de risque en lui reconnaissant, sur cette zone, dès son installation à l’Elysée, un style d’action propre à lui et quelque peu inhabituel pour la France au cours des derniers mandats présidentiels.
Au cours des six premiers mois de son mandat, Macron a montré un intérêt solide pour les problématiques de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, assurant à la France une présence permanente sur la zone et une visibilité certaine sur les dossiers. Pour concrétiser, il se doit de ramener la France dans le jeu là où elle perdait pied, comme il a besoin de l’imposer là où l’unilatéralisme et l’hégémonisme l’en excluaient. Il a aussi besoin de rationaliser l’exploitation des multiples leviers dont la France dispose sur la zone, et surtout, doit-il se libérer des contraintes héritées des politiques arabes et moyen-orientales de ses prédécesseurs et qui pouvaient déformer les réalités et affecter les choix politiques à Paris.
Il a besoin de temps pour espérer offrir des résultats concrets. Son dynamisme actuel, en plus de son engagement personnel, lui permet de jeter les bases d’actions spécifiques (y compris en Libye, dans le Sahel, dans le bassin oriental de la Méditerranée, sur le conflit israélo-palestinien), comme il lui offre aussi la chance de saisir les opportunités qui se présentent à lui de manière circonstancielles (crise du Liban, crise du Qatar, etc.). Si ces dernières peuvent avoir des retombées immédiates et parfois spectaculaires (l’affaire Hariri), l’intervention de la France sur des dossiers plus complexes s’inscrit dans une optique de plus long terme.
L’exercice que nous tentons ici vise à évaluer les grandes lignes de la politique et des actions menées par le Président Emmanuel Macron dans la région MENA, telles qu’elles sont annoncées et suivant les calendriers établis. Nous nous projetons dans le temps afin de tenter d’évaluer, au cas par cas, les chances de succès et les risques d’échecs des initiatives et actions françaises. Cela sera au cœur de notre monitoring permanent des initiatives et actions menées par la France sur la zone MENA.
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Dans cette région, le multilatéralisme qu’il défend, devient une réalité, dans le contexte géopolitique mondial et régional actuel. Cela l’avantage, et il ne s’en prive pas. De même qu’il revendique un fort degré de pragmatisme en traitant, avec son cabinet diplomatique, les dossiers de la zone MENA, et qui l’a très vite soustrait aux contraintes liées aux choix de ses prédécesseurs.
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