Dans un communiqué (05/10), la Saudi Arabian Military Industries (SAMI) annonce la signature d’une série de MoUs avec Rosoboronexport, dont un portant sur le S-400, à l’occasion de la visite à Moscou du Roi Salman Ben Abdulaziz.
Le communiqué précise que ces accords sont conclus suivant les orientations du Prince héritier et Ministre de la Défense Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz, et qu’ils prévoient des transferts de technologies au profit de SAMI pour la fabrication de missiles antichars Kornet-EM, de LRM TOS-1A, de lance-grenades et grenades AGS-30, et de Kalashnikov (fusils et munitions).
Dans son communiqué, SAMI annonce surtout que Russes et Saoudiens coopèreront en vue de fabriquer localement, en Arabie saoudite, des parties du système de « défense antimissile S-400 que le royaume a accepté d’acheter le jeudi » (05/10).
Les accords conclus entre Saoudiens et Russes dans le domaine de l’armement et de l’industrie de défense interviennent après l’accord-cadre signé entre les deux parties en décembre 2016 et qui prévoit une enveloppe budgétaire de $3,5md pour leur implémentation.
Le S-400, acheté par les Turcs, testé par les Iraniens (qui déploient maintenant le S-300), et désiré « politiquement » par les Qataris, n’est pas sans rappeler le contexte qui a permis dans les années 80 l’achat de missiles balistiques chinois (CSS-2) par le clan saoudien le plus pro-américain de l’époque, les Sultan…
Il s’agit de commandes à forte connotation politique. Les dossiers régionaux, dont l’Iran principalement, mais aussi la crise du Qatar (dont la gestion par Washington a déçu Riyad), jouent en faveur de tels accords russo-saoudiens, surtout aussi qu’ils comportent en même temps une dimension économique et industrielle (Vision2030).
Dans cette note de 3440 mots, MESP
(i) revient sur le contexte général qui a permis ce rapprochement, inédit, entre Riyad et Moscou, et
(ii) tente de s’intéresser aux implications stratégiques de la commande par MBS de ce système de défense antiaérienne russe pour compléter un dispositif conçu, équipé et contrôlé même par l’allié américain.
Dans cette note, réservée à ses clients, MESP
(iii) s’attarde sur les motivations politiques (saoudo-américaines, régionales et internes) qui ont poussé MBS à briser ce tabou de l’armement avec les Russes et d’oser une commande d’une telle teneur politique (même si la commande du S-400 doit encore être confirmée et exécutée), alors qu’il aurait pu se contenter de la multitude de projets communs annoncés à l’occasion de la visite du souverain (politiques, énergétiques, militaires, sécuritaires).
Enfin, dans cette note, MESP
(iv) tente un parallèle entre le contexte ayant permis l’achat-surprise du CSS-2 chinois par les fils du Ministre de la défense d’alors le prince Sultan Ben Abdulaziz, avant de
(v) chercher à anticiper l’impact éventuel du programme S-400 sur les relations saoudo-américaines, et de
(vi) commenter les autres achats « politiques » engagés ou envisagés par les pays arabes voisins de l’Arabie saoudite (signature d’un MoU entre le Qatar et BAE Systems portant sur 24 Eurofighter, intérêt grandissant des Emirats Arabes Unis pour le Su-35 russe).