L’équation n’est pas si simple, même si on part de l’hypothèse que la Letter of Intent entre Doha et Londres (17/09) est, avant tout, un acte politique. Un geste que l’on pouvait attendre en faveur de la France qui accueillait (15/09) l’Emir Tamim Ben Hamad Al Thani, et pas forcément en faveur de Londres, qui accueillait une conférence de l’opposition qatarie soutenue par Riyad et Abou Dhabi. Le Royaume-Uni, BREXIT oblige, mène un forcing économique et commercial en direction de ses partenaires de la région, et annonce son retour en force à l’Est de Suez… Ses dirigeants s’exprimaient plutôt en faveur du camp opposé au Qatar, tout en maintenant des contacts réguliers avec Doha. Le lobbying, soutenue et régulier, de Manama, Riyad et Abou Dhabi, auprès des institutions londoniennes, aurait pu empêcher ou retarder la confirmation officielle du choix de l’Eurofighter par Doha. En réalité, ce fut l’inverse.
Le lobbying mené par le Qatar sur la scène régionale et internationale ne cesse de monter en puissance, graduellement. L’émirat ratisse large, et sollicite, face à un camp opposé solide et puissant, le soutien de puissances régionales (Iran, Turquie) et internationales à coups de négociations diplomatiques, d’accords militaires, de contrats énergétiques, de contributions financières diverses.
Dans cette note de 2767 mots, MESP (i) évalue la place qu’occupent les Complexe Militaro-Industriels dans la stratégie de lobbying du Qatar et (ii) tente d’établir un lien entre l’annonce, en pleine crise du Golfe, du choix par le Qatar de l’Eurofighter et les chances de voir les Emirats Arabes Unis confirmer leur choix du Rafale. Dans cette note, réservée à ses clients, MESP (iii) s’intéresse aussi aux opportunités que la crise actuelle dans le Golfe, qui intervient dans un contexte géopolitique régional particulier, offrirait aux industriels français de la défense sur un marché qui leur était difficile d’accès ces dernières années, celui de l’Arabie Saoudite.