Arabie Saoudite – France : Armement : Sortir ODAS du jeu pour relancer la coopération

En Arabie Saoudite, le pouvoir a changé de mains. Le Prince héritier Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz, Ministre de la Défense, est désormais en charge, sans partage.
Il est attendu à l’Elysée au cours des prochaines semaines.

Celui qui attend le moment optimal pour accéder officiellement au pouvoir, se rend en France en visite officielle, alors que le Président Emmanuel Macron réaffirme, par son discours ou par ses actes, son intérêt pour la région du Moyen-Orient et de ses enjeux.

A l’ordre du jour de ce sommet franco-saoudien, et qui aurait privé d’Elysée l’Emir du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, les relations bilatérales dans toutes ses dimensions (y compris la sécurité et la défense, et l’économie avec la participation des entreprises françaises à Vision 2030), la lutte contre le terrorisme et contre son financement (dans son interview au Point, EM s’exprime sur l’implication de l’Arabie Saoudite et du Qatar dans le soutien au terrorisme), l’Iran, la Syrie, l’Irak, le Liban, le processus de paix israélo-arabe, la Libye.

La coopération militaire, y compris dans son volet armement et transfert de technologies militaires, est à l’ordre du jour des discussions qu’aura MBS à l’Elysée, au Quai d’Orsay et à l’Hôtel de Brienne.

ODAS sera absente des discussions. En fait, pour la partie saoudienne, ODAS n’a plus lieu d’être. D’ailleurs, pour MBS personnellement, ODAS n’existe plus depuis longtemps déjà.

La réincarnation de la SOFRESA, était très vite devenue, à son tour, une structure superflue et dépassée. Après la SOFRESA, qui pouvait servir les intérêts industriels français tout en servant les impératifs du pouvoir saoudien de l’époque, ODAS s’est retrouvée vidée de son sens originel, et incapable de relancer les ventes d’armes françaises sur ce marché porteur. La raison d’être principale de la SOFRESA, toujours inavouée, a disparu, et le modèle économique et politique d’ODAS n’a pas convaincu. Ni à Riyad ni à Paris d’ailleurs. L’absence de résultats probants l’explique parfaitement bien.

Alors que MBS repense les priorités actuelles de son royaume, et qu’il surexploite son Complexe militaro-industriel à des fins géopolitiques, politiques (internes et régionales) et économiques (transferts de technologies, Vision 2030), il vient d’imposer une révision des modalités de gestion des commandes militaires passées auprès des partenaires internationaux. Tout désormais passe par lui, par son cabinet, et par ses propres réseaux d’affaires. Sur la voie Riyad-Paris, cela scelle la fin d’une époque et l’évaporation des réseaux sur lesquels l’Etat et ses industriels pouvaient compter pour défendre leurs intérêts sur le marché saoudien.

En attendant l’inévitable mise sous tutelle par le palais de la dernière poche de résistance que semble être la Garde Nationale, toutes les composantes de la sécurité et de la défense et des industries technologiques et celles liées à la défense sont sous le contrôle direct de MBS et de ses proches. La cartographie des décideurs, y compris donc ceux de la défense et de la sécurité, et donc de l’armement aussi, change radicalement, et déstabilise les fournisseurs étrangers qui ont souvent empruntés des voies imposées dans d’autres contextes et qui sont maintenant caduques.

ODAS fait partie de ces plateformes qu’il faut soit réformer en profondeur, en partenariat direct avec l’équipe de MBS, soit abandonner au profit d’un nouveau mode d’action négocié par les deux parties.

Les Saoudiens sont pour un recadrage total de ce partenariat franco-saoudien en matière d’armement, et pour un modus operandi mieux adapté aux priorités militaires, économiques, industrielles et politiques du palais. Dans leur esprit, ODAS (qui aurait pu rebondir aussi sur le programme franco-saoudien d’aides à l’Armée libanaise DONAS) n’a plus sa place dans cette nouvelle approche qui doit être pensée conjointement afin d’ouvrir la voie à un retour effectif de la France sur le marché de l’armement en Arabie Saoudite.

Dans cette note, réservée à ses clients, MESP (i) revient sur le contexte qui a permis la création de la SOFRESA et sur ses succès et échecs, et surtout sur son utilité d’alors, et (ii) tente une comparaison avec ODAS. Dans cette note de 3672 mots, MESP (iii) tente de définir le modèle optimal d’une ODAS’, revue et corrigée selon la vision saoudienne actuelle, et (iv) évalue les chances éventuelles de succès d’une transformation en profondeur de l’actuelle structure.

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