Sur son site, MESP s’est intéressé à deux reprises à François Fillon : une première fois (07/02/2015) à l’occasion d’une visite au Liban de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy « au chevet des Chrétiens d’Orient » [Moyen-Orient-France : Lobbying et réseaux d’influence : Après Sarkozy, Fillon ?], et une deuxième fois (27/11/2016) en réaction à une correspondance de Paris d’un quotidien saoudien qui annonçait un changement radical de la politique de la France au Moyen-Orient si le candidat à la présidence de la Droite était élu en 2017 [Arabie saoudite – France : Pas de rupture, mais un nécessaire rééquilibrage]. Entre la première et la deuxième fois, Fillon a changé de statut, mais pas de discours lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient, un discours qu’il a étoffé et affiné tout en en préservant les fondamentaux.
Aujourd’hui, l’élu de la primaire de Droite affiche une nouvelle stature d’homme d’Etat qui le rend encore plus insaisissable aux yeux des dirigeants arabes habitués pour certains d’entre eux à bénéficier « d’un droit à l’ingérence » dans les élections présidentielles françaises…
François Fillon multiplie les prises de position sur les dossiers du Moyen-Orient, s’affranchissant des lignes politiques tracées par ses prédécesseurs, sans forcément toujours les dénoncer d’ailleurs. Jouant aux équilibristes entre son discours de politique étrangère dans sa dimension moyen-orientale, et les impératifs d’un discours électoraliste franchement à droite, Fillon se présente au monde arabo-musulman sous un angle inédit : un néogaulliste, pragmatique, mais qui reste à découvrir…
En refusant une rencontre (Le Figaro, 19/12) avec le prince Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz l’homme fort d’Arabie saoudite, l’allié arabe de référence du gouvernement actuel, et en snobant à plusieurs occasions les émissaires du Qatar, l’allié arabe de référence de l’ère Sarkozy, alors qu’il multiplie les annonces d’ouverture en direction de l’axe syro-iranien et les messages rassurants en direction de l’axe égypto-émirati, Fillon donne un avant-goût de sa politique régionale s’il était élu en 2017.
Fillon se prononce sur les dossiers les plus sensibles (Iran, Arabie saoudite, Syrie, Egypte, islam radical, guerre contre le terrorisme, diplomatie économique, Chrétiens d’Orient, etc…), prend position parfois, mais il préserve l’indépendance de la France et la positionne au-dessus de la mêlée. Pour tous ses interlocuteurs, qui attendent des « engagements pré-électoraux fermes » dans leur intérêt bien évidemment, les grands axes de cette politique filloniste ainsi exposés ne font qu’accroître ce flou qui entoure celui qui pourrait bien diriger la France à partir de 2017. Cette stratégie nous paraît optimale pour un candidat qui refuse de s’emprisonner et d’emprisonner son mandat dans « un raisonnement binaire » coûteux et pas forcément rentable pour la France dans un contexte de turbulences extrêmes et de grandes incertitudes géopolitiques. C’est d’ailleurs cela aussi qui le rend si désiré…
Dans cette notre de 5.546 mots, réservée à ses clients, MESP développe une série de points qui seront élaborés dans des notes ultérieures successives, et qui visent à mieux cerner l’évolution de l’image du candidat Fillon auprès des acteurs régionaux qui comptent (Iran, Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Qatar, Israël, Turquie, Egypte, l’axe syro-irano-hezbollahi), et à mieux comprendre et interpréter ses choix stratégiques sur divers dossiers actuels (la lutte contre l’islam radical, les Chrétiens d’Orient, la guerre contre le terrorisme takfiriste, les relations avec le Hezbollah et l’arc chiite, la question énergétique, la diplomatie économique, le rayonnement militaire, technologique et culturel de la France, le positionnement vis-à-vis des politiques russes et américaines sur la zone, la question palestinienne, etc.).
Cette note, qui inaugure une série de notes destinées à nos clients, revient sur les affaires qui ont déstabilisé ces dernières années les relations entre la France et plusieurs de ses partenaires ou acteurs régionaux qui comptent.
Enfin, la série de notes que MESP prépare sur « l’élection présidentielle en France vue d’en face » doit permettre à l’équipe de campagne du candidat Fillon d’ajuster en permanence son discours sur les dossiers bilatéraux et multilatéraux, en gardant en vue le nécessaire équilibre à préserver entre le discours de politique étrangère et celui de politique intérieure (relations avec les régimes wahhabites : Arabie saoudite, Qatar ; relations avec la confrérie des Frères Musulmans ; la diplomatie économique et la défense de l’emploi ; la guerre contre le terrorisme etc.).