Liban: Relancer DONAS: François Hollande parviendra-t-il à convaincre Riyad?


Pratiquement toutes les raisons qui ont provoqué l’arrêt du programme franco-saoudien DONAS au profit de l’Armée libanaise, et entraîné sa réorientation vers l’Arabie saoudite, restent aujourd’hui inchangées. Pour certaines d’entre elles, comme « la mainmise de l’Iran » sur le Liban, elles s’aggravent même.

Cet argument saoudien, ou franco-saoudien, qu’est l’influence iranienne grandissante au Liban, n’était pas seul responsable de l’arrêt du programme. 

Il y a eu les évolutions internes en Arabie saoudite, avec la disparition du Roi Abdullah, l’éviction de son équipe dont notamment le directeur du diwan Khaled al-Tueïjri, les contraintes financières, l’avènement de la guerre au Yémen, etc. 

Il y a eu aussi des évolutions sur la voie Riyad-Paris, avec une alliance stratégique que ne cesse de se consolider jusqu’à se concentrer sur les dossiers les plus vitaux pour les Saoud, et où le Liban n’avait plus sa place. 

Il y a eu des évolutions saoudo-libanaises, donc, avec un certain défaitisme saoudien qui s’est traduit par un repli diplomatique, économique et politique. 

Les personnes ont changé donc, depuis l’accession au trône du Roi Salman et la promotion du tandem Mohammad Ben Nayef – Mohammad Ben Salman. MBN et MBS n’ont pas le même rapport que ceux qui géraient avant eux ce dossier franco-saoudo-libanais, ni avec les Libanais (y compris l’allié sunnite de référence Saad Rafic Hariri) ni avec les Français (on pense notamment à ODAS et à ses dirigeants). L’éviction du Ministre des Finances Ibrahim al-Assaf, qui gérait le volet stratégique du financement de ce programme (ou une partie de cet aspect si l’on reconnaît à Khaled al-Tueïjri son rôle aussi), peut compliquer davantage la donne.

La France officielle annonce une possible relance du programme DONAS : le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a abordé ce sujet lors d’un point de presse le 04/11, précisant que la France mène des discussions avec l’Arabie saoudite afin de débloquer le dossier. Un des relais médiatiques arabophones du MAE français suggérait le 06/06 (al-Hayat), en disant faire référence cette fois à des sources du Ministère français de la Défense, que la France n’a pas encore commencé à livrer les armes et équipements de DONAS à l’Arabie saoudite… Espère-t-on du nouveau d’ici la (nouvelle) visite attendue du Président François Hollande à Beyrouth ? Ou doit-on attendre que soit confirmée l’idée d’une conférence internationale sur le Liban, un ‘Paris 4’, pour garantir la relance d’ODAS?

Pour la France, qui semble derrière l’idée d’une possible relance, rapide, du programme DONAS, il s’agit maintenant de convaincre l’allié saoudien de l’utilité d’une telle initiative et de ses retombées politiques au profit de l’axe franco-saoudien. Avant cela, il s’agit de coordonner parfaitement les actions des deux Ministères qui gèrent ce dossier, le MAE et le MinDef, sous la supervision directe de l’Elysée. Ce n’est qu’une volonté présidentielle forte et déterminée qui permettrait d’espérer arracher aux Saoudiens une décision favorable qui permettrait de réorienter ODAS au profit des FAL… Les divergences franco-françaises desserviront bien évidemment ce programme, et offriront des excuses valables pour MBS (défavorable à ODAS) afin de reporter une telle décision.

Dans cette note de 3.356 mots, MESP s’intéresse à une série de facteurs qui affecteront positivement ou négativement les chances d’une relance rapide du programme DONAS : des facteurs régionaux (Iran vs Arabie saoudite), des facteurs franco-saoudiens, franco-libanais, saoudo-libanais, des facteurs militaires et sécuritaires (guerre contre le terrorisme, Israël, Hezbollah), des facteurs financiers et commerciaux, etc. 

Dans cette note, réservée à ses clients, MESP en arrive à la conclusion que le programme DONAS, tel qu’il fut conçu et aménagé lors de son lancement initial, est mort, et qu’un autre programme, plus modeste probablement mais mieux adapté au nouveau contexte général et franco-saoudien, lui succèderait. Ce programme « DONAS’ », un DONAS revu et corrigé afin d’être accepté et soutenu par les divers acteurs qui comptent, aurait plus de chances d’être implémenté.

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