L’Emir Tamim Ben Hamad Al Thani, un des rares chefs d’Etat à s’être déplacé à Nouakchott pour participer au sommet de la Ligue arabe, a finalement écourté sa visite en Mauritanie, renonçant même à prononcer le discours tel que prévu au programme officiel (25/07).
TBH a donc assisté à une partie de la séance d’ouverture du sommet, et quitté la Mauritanie après une visite de deux heures pratiquement.
Plusieurs explications possibles à ce geste :
(i) La volonté de TBH de marquer son mécontentement à l’égard de certains aspects protocolaires (le Président mauritanien n’était pas présent personnellement pour accueillir TBH à l’aéroport).
(ii) Une alerte d’ordre sécuritaire qui concernerait TBH sur le sol mauritanien (alors que circulaient déjà des informations, démenties plus par par Le Caire, sur un projet d’attentat contre le Président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi en Mauritanie qui l’a poussé à renoncer au voyage).
(iii) Une affaire personnelle, familiale (les proches de TBH parlent d’un agenda international surchargé…, sachant que le sommet arabe était prévu de longue date, tout comme le programme qui comporte un discours de TBH).
(iv) Des renseignements sur des projets d’attentats au Qatar (des informations circulent sur le démantèlement de cellules terroristes qui projetaient des attentats sur le sol qatari).
(v) Une urgence concernant la Turquie, et plus précisémment la présence d’officiers turcs au Qatar (base militaire), que TBH a choisi de gérer personnellement, et directement avec le Président Recep Tayyep Erdogan.
(vi) Une urgence concernant les relations au sein du Conseil de Coopération arabe du Golfe, et notamment les relations entre le Qatar et les Emirats Arabes Unis qui se détériorent brusquement après la tentative de coup d’Etat en Turquie: Doha (et les Frères Musulmans) accusant Abu Dhabi (un pays arabe frère et allié au sein du CCG) d’avoir contribué à la tentative de coup d’Etat en finançant Fathullah Gülen, les Al Nahyan soupçonnant les Al Thani d’avoir franchi un pas supplémentaire dans leur soutien aux FM en Turquie.
(vii) Une urgence concernant la Syrie, et le front qataro-turc à Alep notamment, alors qu’Ankara renonçait déjà à certains plans imaginés en concertation avec Doha.
(viii) Une série d’affaires économiques d’ordre stratégique (dont un dossier énergétique dans le bassin oriental de la Méditerranée) qui arrivaient à mâturité et où la présence de TBH pouvait être utile, voire nécessaire.
Dans cette note de 4.557 mots, réservée à ses clients, MESP s’attarde sur chacune de ces explications possibles, pour essayer de mieux saisir les priorités actuelles des dirigeants qataris et de mieux comptendre l’irritabilité croissante de TBH… Dans cette note, MESP tente aussi d’anticiper l’évolution des rapports entre les pays du CCG et Ankara, et entre les Etats membres du conseil eux-mêmes, à la lumière des évolutions actuelles en Turquie.