Près de 24 heures après l’échec du coup d’Etat en Turquie, les Etats-Unis annonçaient, par la voie du Pentagone, la reprise des opérations contre l’Etat Islamique à partir de la base d’Inçerlik. La base, centrale dans le dispositif de l’OTAN sur la zone, et un des pivots des opérations contre l’EI, fonctionnait alors sur ses propres générateurs électriques, et avec un commandement provisoire à la suite de l’arrestation de son commandant. Le Pentagone tenait à envoyer un message fort pour marquer le maintien de son implantation sur cette base qui accueille des bombardiers à long rayon d’action et des ogives nucléaires. Pour sa part, le Département d’Etat tenait un discours plus dur envers Ankara en mettant en garde le président Recep Tayyep Erdogan contre une exploitation excessive de la théorie du « complot américain » et contre le risque de tomber dans un populisme anti-américain qui finirait par affecter les relations bilatérales.
Washington, qui doit encore répondre à la demande d’extradition du prédicateur Fathullah Gullen, entendait ainsi rappeler à Erdogan, qui vient d’échapper au coup d’Etat, les limites de son double jeu vis-à-vis de son principal allié américain… Ankara aussi hausse le ton et menace, par la voix de son Premier ministre (18/07), qu’elle pourrait « revoir » ses relations d’amitié avec Washington… La réponse de Washington ne s’est pas faite attendre. Elle est venue, encore une fois, du chef de la diplomatie américaine John Kerry qui a rappelé à la Turquie que « sa performance démocratique » sera surveillée scrupuleusement…
Cet échange entre les deux alliés se poursuit, avec une tendance de plus en plus visible chez les Américains à vouloir « se justifier » quelque part… Les deux camps, Américains et Turcs, ont recours à la tactique de la carotte et du bâton, avec les limites stratégiques que l’on imagine pour l’un et l’autre. S’il faut s’attendre à de nouvelles turbulences dans les relations politiques et diplomatiques entre Washington et Ankara, les deux parties multiplient, par contre, les signaux de « normalisation » au niveau de l’engagement Turquie-OTAN.
Dans cette note de 4.667 mots, MESP
(i) revient sur les réactions, à chaud, des différents partenaires de la Turquie, et des acteurs internationaux et régionaux (OTAN, EU, UE, Allemagne, France, Russie, Grande-Bretagne, Iran, Grèce, Arabie Saoudite, Qatar, Egypte, Israël, Syrie, Etat Islamique, Frères Musulmans, etc.),
(ii) pour chercher à anticiper l’évolution possible des relations entre Ankara et ses divers partenaires et acteurs, à court, moyen et long terme.
Dans cette note réservée à ses clients, MESP
(iii) tente de prévoir l’évolution des grandes lignes de la politique extérieure d’Ankara
(iv) et cherche à évaluer les impacts attendus sur les dossiers régionaux et internationaux les plus pressants (lutte contre l’Etat Islamique, crise des migrants, tensions au sein de l’UE, tensions entre l’OTAN et la Russie, la crise syrienne, le rapport entre les Frères Musulmans et le régime égyptien, le dossier israélo-palestinien, les enjeux énergétiques en Méditerranée, etc.).
Dans cette note, MESP (v) s’intéresse, tout particulièrement, à la France, et à sa trop grande exposition aux risques venus de la zone, et dont on peut craindre l’exacerbation au cours de la prochaine phase.