Saoudiens et Français se sont choisis, de manière opportuniste certes, mais librement, comme partenaires stratégiques. Les facteurs qui motivent ce choix sont nombreux, pour les uns et pour les autres. Ils sont solides souvent, et capables de justifier et de supporter un partenariat durable et profitable pour les deux parties. Dans la stratégie de communication menée par les lobbyistes du royaume en France, les véritables raisons de ce rapprochement franco-saoudien, souvent légitimes et convaincantes, sont ignorées, au profit d’une médiatisation fade et superflue de questions parfois secondaires, et parfois même nuisibles à l’image de l’Arabie saoudite…
L’Arabie saoudite communique tous azimuts dans les médias français les plus suivis (Le Figaro, Le Monde, etc.), assure une présence diplomatique, politique, culturelle (exposition sur l’Art Contemporain saoudien), tente de créer un club de journalistes parisiens (français et internationaux) coopératifs, etc. Les Etats saoudien et français savent communiquer, ensemble, très officiellement, sur les questions d’intérêt commun, notamment sur les questions liées à la géopolitique moyen-orientale. Ils le font très bien, ensemble, et n’ont pas vraiment besoin de relais, superflus, courtisans, pour pousser la sur-explication à l’extrême… Les visites échangées entre les responsables des deux pays se succèdent, et « les termes de l’échange » sont clairs : alignement politique français sur les choix stratégiques saoudiens contre contrats civils et militaires. La France y voit son intérêt, dans le contexte actuel, et l’Arabie saoudite aussi. Pourquoi cet excès de zèle avec un lobbying qui perd de sa consistance, pour devenir de l’évènementiel et du people ?
Le rapprochement franco-saoudien, à la faveur, entre autres, des divergences saoudo-américaines qui s’accumulent depuis des années, repose, de manière pragmatique, sur une pierre angulaire : les intérêts communs. Il n’y a pas de secret à cela. Cela n’est jamais réellement expliqué, et s’il l’était, c’est de manière superficielle. Par contre, l’effort est mis sur l’amélioration de l’image de l’Arabie saoudite en France, auprès des milieux politiques et des milieux d’affaires, auprès des médias, et maintenant auprès du grand public. En réalité, on n’est plus dans l’influence, mais dans la promotion. Ou même dans l’aide à la promotion… Concrètement, les Saoudiens veulent aider leurs alliés politiques en France à défendre, auprès de leurs bases et de leurs lobbies, leur choix de l’Arabie saoudite comme partenaire de référence sur la zone. L’incident de la Légion d’Honneur du Prince héritier, vice-Premier ministre, Ministre de l’Intérieur Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz, doit avoir incité les Saoudiens à davantage d’efforts de communication en France…
Dans cette note de 2.906 mots, MESP (i) tente une comparaison entre les stratégies de lobbying adoptées par les Saoudiens à Washington, Londres et Paris, et (ii) met en avant les erreurs d’appréciations des lobbyistes parisiens travaillant pour Riyad, notamment au niveau du manque d’influence au profit d’une communication bling-bling… Dans cette note, réservée à ses clients, MESP (iii) retient deux exemples pour expliquer les failles dans la stratégie de communication et de lobbying de l’Arabie saoudite en France : la guerre du Yémen (rencontre des médias avec le général al-Assiri, porte-parole du Ministère de la Défense) et le colloque organisé au Sénat (23/05) sur “Les nouveaux visages de l’Arabie saoudite”.
Voir aussi :
Arabie Saoudite – France : Riyad affine sa stratégie de lobbying (29 mars 2016).