Traditionnellement, les Etats-Unis, dont Riyad ne désespère pas regagner les faveurs, et le Royaume-Uni, sont le point de chute du lobbying institutionnel et médiatique mené par l’Arabie Saoudite pour défendre son image et promouvoir ses intérêts. Cela s’explique par une multitude de raisons, politiques, économiques, médiatiques, bilatérales, historiques, etc.
Cela ne risque pas de changer fondamentalement, en dépit, ou peut-être à cause, des divergences de vues qui se multiplient entre Riyad et ses deux principaux alliés.
Mais cela changera, en partie, afin d’accompagner l’évolution du poids relatif de l’Arabie Saoudite au sein de la constellation des alliés régionaux des puissances internationales qui comptent, et pour accompagner aussi l’évolution de l’image du royaume aussi bien aux Etats-Unis et au Royaume-Uni qu’auprès d’autres alliés qui progressent sur l’échelle des partenaires étrangers de Riyad.
La France fait partie de ces partenaires que les Saoudiens espèrent accrocher indéfiniment, maintenant que les pactes fondateurs qui les liaient aux Américains et aux Britanniques sont fragilisés.
L’axe franco-saoudien, aussi opportuniste et conjoncturel soit-il, a montré qu’il est utile voire nécessaire pour accompagner et défendre les initiatives politiques, diplomatiques et militaires, prises par la nouvelle équipe dirigeante, dans un contexte de désaffection américaine et britannique… Cette expérience garantit à la France une place centrale au sein des partenaires désirés par Riyad.
Mais le tableau est tout sauf rose. Les détracteurs de l’Arabie saoudite sont de plus en plus nombreux, et la matière offerte par les Saoudiens à leurs détracteurs est dense : droits de l’homme, démocratie, terrorisme, etc. La réhabilitation de l’Iran, qui s’ouvre aussi sur la France, et de nombreux autres facteurs dont l’antagonisme saoudo-qatari, accentuent la pression sur l’Arabie Saoudite et sur son image de partenaire en France…
Le lobbying et la communication, adaptés à l’audience française, et aménagés pour répondre aux impératifs des relations franco-saoudiennes, ont de beaux jours devant eux. Mais, les Saoudiens entendent garder la main sur leur stratégie de lobbying, piloter et coordonner les actions menées à divers niveaux pour promouvoir leurs intérêts. Cette stratégie est désormais strictement centralisée, au palais, exclusivement. La place des intermédiaires et autres courtiers du lobbying et de la communication sera de plus en plus marginale.
Dans cette note de 2.332 mots, MESP présente (i) les grands axes de toute stratégie de communication saoudienne réussie, destinée au “public” français dans le contexte actuel, et (ii) les principales erreurs (culturelles, politiques, etc.) que les Saoudiens et leurs lobbyistes devraient surtout éviter de commettre. Dans cette note, réservée à ses clients, MESP (iii) revient sur l’annonce par Le Monde (25/03) du lancement par Riyad “d’une opération de séduction en France”, une annonce perçue par Riyad (et son Ambassade à Paris) comme une indélicatesse (ou tout au moins une maladresse)…