L’Allemagne est de plus en plus regardante lorsqu’il s’agit d’autoriser la vente de matériel militaire à des pays arabes, dont l’Arabie saoudite. Pourtant, ses sociétés sont très impliquées dans une série de programmes stratégiques dans plusieurs de ces pays, dont l’Arabie saoudite. Les sociétés allemandes le sont directement ou dans le cadre de structures européennes (Airbus Group, Airbus Helicopters, etc.), ou grâce à des montages financiers ou industriels (Nexter-KMW, etc.), ou par la voie aussi de partenariats spécifiques (drones, etc.). Le programme de drone tactique Patroller, développé conjointement par Sagem (Safran) et Stemme (qui fournit le motoplaneur S-15), fait partie de ces systèmes qui intéressent particulièrement aujourd’hui les pays arabes.
Thales, qui a fait le choix de s’allier pour développer son Watchkeeper avec les Israéliens (qui fournissent le Hermes 450) et de confier le pilotage de son programme à sa filiale britannique, espère, elle aussi, placer son drone tactique auprès des clients arabes. Le facteur israélien est aujourd’hui « atténué » pour des raisons géopolitiques, ce qui permet d’ailleurs des contacts, formels ou informels, entre Israël et plusieurs pays arabes dont ceux que Thales démarche ou entend démarcher pour y placer son drone tactique. Cependant, dans ce domaine en particulier, celui des drones, la susceptibilité demeure entière à l’égard des Israéliens… Commercialement, cela constitue, malgré donc la « banalisation » du contentieux israélo-arabe, un handicap encore difficile à surmonter, encore aujourd’hui…
L’Armée française, dont le savoir-faire n’a jamais été autant apprécié dans le monde arabe, grâce à une très grande visibilité sur le terrain de la lutte contre le terrorisme notamment, a fait son choix en faveur du Patroller et au détriment du Watchkeeper. Ce choix français ne sera pas neutre pour les armées arabes qui évaluent l’acquisition de drones tactiques parmi lesquels le Patroller et le Watchkeeper.
Dans cette note de 2.420 mots réservée à ses clients, MESP cherche à (i) interpréter, d’un point de vue arabe, ce choix technique fait par l’Armée française, et à (ii) évaluer l’impact, sur le processus de décision de certains clients arabes (Arabie saoudite, Qatar, EAU, Egypte, etc.), de la présence israélienne, allemande et britannique, dans ces programmes qui leur sont proposés par les Français Safran et Thales.