Ce n’est pas tant la radicalisation de l’Islam que la banalisation de l’Islam radical qui doit nous inquiéter.
La radicalisation de l’Islam concerne avant tout les sociétés musulmanes elles-mêmes. Celles-ci s’accomodent, de manière cyclique et à la carte, de certaines idéologies radicales, dépoussiérées pour servir des projets politiques, géopolitiques, sociaux, culturels, religieux, économiques, hégémoniques, autrement injustifiés.
La banalisation de cette radicalité porte en elle-même deux risques majeurs: celui de l’incompréhension de l’autre et celui de l’inévitable confrontation entre deux camps qui ne se comprennent pas.
Sans se risquer ici dans de savantes définitions de l’Islam, et dans des explications superflues du fait religieux en France, il n’est pas inutile de dénoncer le cumul d’incompétences évident au niveau des autorités en charge de ce dossier. La plus grande de ces incompétences reste l’incompréhension de l’Islam, non pas en tant que religion, encore moins en tant que modèle de société, mais en tant que vecteur de guerre.
Rien ne modifiera le livre, rien n’influencera les grandes écoles d’interprétation de l’Islam, et rien ne parviendra à séparer l’Etat de l’Islam. Cela signifie que rien n’obligera un musulman convaincu de se soumettre à une Constitution de nature humaine et terrestre, s’il en a le choix. Rien ne permettra d’obtenir que les multiples courants de l’Islam s’accordent sur une ligne de conduite commune pour espérer une approche commune des problématiques liées à l’Islam. Rien non plus ne laisse espérer une véritable et totale intégration, volontaire, des musulmans dans un Etat non islamique.
Mais tout cela est compréhensible, devant la dimension guerrière de l’Islam, remise au goût du jour à nouveau aujourd’hui. C’est cette dimension là qui arrive à motiver les peuples, à les mobiliser, à leur voler tant de sacrifices. Le djihad, thème racolleur, est au coeur de cette dimension guerrière de la religion. Les faux prophètes, stars ou starlettes des médias, conférences, tables rondes et réseaux sociaux, contournent cette problématique, par pudeur, ignorance, soumission. Ils préfèrent éviter ce terrain glissant, qui fait peur, et qui justifie la violence lorsque le dogme est puisé dans les vraies sources de l’Islam, le Coran. Ils se contentent de gesticuler pour expliquer une délinquance que l’on voit islamique, alors qu’elle n’est que délinquance, et pour éclairer les dérives sociétales à coups de radicalisation-express en banlieues proches et lointaines…
Les décideurs politiques, qui redeviennent politiciens à chaque rendez-vous national majeur, interprétent l’islam en bulletins de vote et en alliances internationales. Quant aux acteurs militaires et sécuritaires, ils sont les plus directement et violemment confrontés au djihad, cru et cruel, avec interdiction de l’expliquer autrement que comme il leur est expliqué par des incompétents.
La pudeur et le politiquement correct ressemblent de plus en plus aujourd’hui à de la lâcheté et à de la soumission.