Le prince héritier du prince héritier saoudien, deuxième vice-Premier ministre et ministre de la Défense Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz, qui pilote personnellement la guerre au Yémen, aurait transmis au médiateur omanais (coordinateur des négociations de Mascate avec les Houthis) deux conditions pour l’arrêt de la guerre : (i) s’éloigner des frontières saoudiennes, et (ii) ne pas s’en prendre au président Hadi et à son gouvernement à Aden.
L’opposant saoudien virtuel Mujtahidd, qui rapporte l’information sur son compte sur Twitter (@mujtahidd) le 26/11, rappelle que MBS posait trois conditions au préalable : (iii) reconnaître la légitimité du pouvoir appuyé par Riyad, (iv) évacuer les villes, et (v) rendre les armes.
MBS a décidé de faire des concessions pour arrêter la guerre depuis que cette guerre est devenue une chance inespérée pour al-Qaëda et l’Etat Islamique pour se développer au Yémen.
Les alliés occidentaux mettent la pression sur MBS pour l’arrêt des combats, alors que les ONG ne cessent de dénoncer les abus commis par les forces alliées lors des bombardements (malgré l’assistance française en matière de guidage). Les Etats-Unis, qui viennent pourtant de décider de fournir 19.000 bombes intelligentes aux Saoudiens alors que leurs stocks atteignaient un seuil critique, multiplient les conseils à Riyad pour que les opérations militaires soient suspendues. La Grande-Bretagne va jusqu’à “menacer” Riyad d’arrêter de lui vendre des armes si les enquêtes confirmaient les violations des droits humanitaires au Yémen (même si nous avons des raisons de penser que les Britanniques ont d’autres raisons, plus mercantiles, pour adresser un tel message aux Saoudiens en ce moment…).
MBS ne peut que constater aussi que ses plus proches alliés prennent parfois leurs distances à l’égard de la stratégie saoudienne au Yémen, dont l’Egypte qui n’a toujours pas accepté d’envoyer des soldats sur le terrain, ou les EAU qui ont de plus en plus recours à des mercenaires (dont des Colombiens) depuis qu’ils ont perdu plusieurs dizaines de soldats émiratis au combat. Surtout, MBS ne peut que constater que ses choix en matière d’alliances, y compris avec des milieux pro-Frères Musulmans, rendent encore plus précaire sa coalition arabe.
Cela dit, MBS sait qu’il ne cesse de s’enfoncer dans cette guerre qu’il a le plus grand mal à remporter face à des rebelles déterminés, et craint, en effet, de se retrouver in fine face à AQ et EI, en affaiblissant leurs ennemis « naturels » les Chiites (Houthis). Doit-il peut-être penser à des retournements d’alliances, une fois la trêve confirmée, afin de combattre AQ et EI aux côtés de ses ennemis d’aujourd’hui, les Houthis?