L’affaire du prince Abdelmohsen Ben Walid Ben Abdelmohsen Ben Abdulaziz (ABW), arrêté au General Aviation Terminal de l’Aéroport International Rafic Hariri de Beyrouth pour tentative de trafic de drogues, n’est pas qu’une simple affaire pénale ou de moeurs. Contrairement aux scandales dont les héros sont des princes royaux, comme la récente affaire de drogue et de sexe impliquant le prince Maged Ben Abdullah Ben Abdulaziz Al Saoud à LA, la saisie de deux tonnes de Captagone dans les bagages de ABW, neveu du gouverneur de Hael le prince Saoud Ben Abdelmohsen Ben Abdulaziz, est avant tout une affaire politique. Et elle l’est triplement:
(i) ABW, qui a bravé les recommandations de son gouvernement et pris le risque de se rendre au Liban, risque de devenir une monnaie d’échange entre le camp pro-iranien et l’Arabie saoudite. L’Opposant saoudien Mujtahidd (@mujtahidd) n’exclut pas un possible troc entre ABW et le cheikh chiite Nimr al-Nimr dont la condamnation à mort vient d’être confirmée. Mujtahidd va plus loin dans sa logique et suppose que l’affaire du prince royal détenu par une autorité proche du Hezbollah pourrait même impacter la politique de Riyad à l’égard de sa minorité chiite, voire les politiques du royaume au Yémen, dans le Golfe et en Syrie…
(ii) ABW, tombé dans ce qui semble être pour certains un guet-apens, se retrouve au coeur des tiraillements politiques interlibanais. Son affaire risque d’envenimer encore plus les rapports entre le camp haririen pro-saoudien et le Hezbollah, et de provoquer même des tensions au sein du même camp sunnite (entre un Ministre de l’Intérieur Nohad Machnouq incapable de débloquer ce dossier sécuritaire, un Ministre de la Justice Achraf Rifi impuissant devant les faits compromettants, et un chef de file Saad Hariri pour le moins embarrassé vis à vis de ses amitiés princières).
(iii) ABW, qui n’espérait pas tant de publicité et de visibilité à cause de cette pilule qu’il chérit lui-même et qu’il partage avec ses cercles plus ou moins proches en Arabie saoudite, risque de déstabiliser son clan princier et d’en affecter le positionnement au sein de la famille royale. Les scandales de moeurs sont monnaie courante dans la famille, et celle-ci n’aurait pas eu plus d’impact que d’autres affaires sur le rapport des forces internes ou même sur l’image même des Al Saoud, n’était-ce sa dimension politique régionale voire géopolitique.
Dans cette note, réservée à ses clients, MESP développe ces trois éléments, pour
(iv) essayer d’imaginer l’impact d’une telle affaire sur le bras de fer saoudo-iranien au Liban et au-delà,
(v) cerner les divers enjeux politiques, visibles et moins visibles, de cette affaire,
(vi) en identifier les multiples acteurs (libanais, saoudiens), et pour
(vii) tenter d’en anticiper l’aboutissement.