Qui interviendrait, éventuellement, pour freiner la progression de l’Etat Islamique vers le Liban et ses frontières? L’actuelle coalition anti-Daech conduite par Washington? Une coalition régionale élargie? Les pays alliés, via la FINUL par exemple?
Les Libanais ont-ils les moyens et la volonté de le faire, seuls?
Ces questions méritent d’être posées, alors que l’EI avance vers les frontières libanaises, et que le blocage des institutions pèse sur leur fonctionnement et impose de sérieuses contraintes à l’action de l’Armée nationale.
Des bases djihadistes sur des terres libanaises occupées
L’Armée libanaise et le Hezbollah consolident leurs positions face à l’EI et à al-Qaëda (Jabhat al-Nusra) dans les régions frontalières avec la Syrie, mais les Forces Armées Libanaises (le Hezbollah est engagé sur le sol syrien) ont été mises, pour des raisons politiques, dans une situation défensive et dans une logique de guerre de positions ou, pire encore, de guerre de tranchées. Ces contraintes, politiques et logistiques, imposées aux FAL les empêchent de libérer les terres libanaises occupées par les djihadistes syriens et étrangers (Arsal, Ras Baalbak, etc.).
Des cellules dormantes et des groupes dispatchés à travers le pays
Qu’en serait-il si l’EI poursuivait sa progression vers le Liban, après la prise de Qaryatayn (située à mi-chemin entre le Sud-Est de Homs et le Sud-Ouest de Palmyre), et si les cellules dormantes étaient subitement activées à travers le pays (dans les camps palestiniens, dont celui d’Aïn el-Héloué, parmi les populations syriennes réfugiées, y compris à Arsal et dans la Béqaa, et parmi les activistes salafistes libanais à Tripoli, dans le Akkar et dans l’Iqlim al-Kharroub)?
Les Forces armées et de sécurité libanaises, qui reçoivent des aides urgentes des Etats-Unis principalement (alors que les aides françaises ou franco-saoudiennes, trop ambitieuses et trop lourdes à gérer, tardent à arriver, et que celles, promises par d’autres pays, dont l’Iran, tardent à se concrétiser), intensifient la traque des réseaux djihadistes dispatchés dans des zones favorables aux rebelles syriens et/ou de tendance sunnite radicale. Elles pensent contenir les cellules basées dans des zones de non-droit, dont Arsal et les camps palestiniens.
Accepter les faits accomplis, c’est fuir des problèmes qui s’imposeront inévitablement
Pour l’instant, les FAL se retrouvent devant plusieurs faits accomplis:
(i) des terres libanaises sont occupées par les djihadistes de l’EI et d’al-Qaëda, avec interdiction de les libérer;
(ii) des groupes terroristes sont basés dans des zones de non-droit, avec interdiction de les y déloger;
(iii) des délais sont constatés dans la fourniture de programmes stratégiques majeurs, sans d’alternatives concrètes et rapides;
(iv) des contraintes politiques réduisent l’efficacité de l’appareil militaire et sécuritaire, sans espoir de déblocage à court terme.