Le Roi Salman Ben Abdulaziz a choisi de passer ses vacances d’été, avec son imposante cour de plusieurs centaines de personnes, en France, à Vallauris dans les Alpes-Maritimes. Il aurait pu choisir une de ses résidences à Marbella, ou aussi un de ses palais marocains, mais il a choisi la France.
Le choix, imposé par son fils le Prince héritier du Prince héritier et Ministre de la Défense Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz, est un choix avant tout politique. L’idée circulait déjà parmi les proches de Mohammad Ben Salman lors de ses haltes parisiennes sur son chemin vers et de Camp David. Le choix était confirmé lors de la visite officielle du Ministre de la Défense à Paris.
Salman, toujours aussi entouré par son jeune et ambitieux fils, avait une légère préférence pour Marbella, mais il ne tenait pas vraiment à l’Espagne cette année. D’ailleurs, depuis plusieurs semaines, les réservations étaient faites dans les hôtels de Cannes et des alentours, et les nombreux préparatifs achevés à Vallauris. L’option espagnole n’en était pas vraiment une, pour Mohammad Ben Salman en tout cas.
Mohammad Ben Salman vient de confirmer la visite de son père à Washington avant la fin de l’année, en réponse à l’invitation du Président Barack Obama que vient de transmettre au diwan son Secrétaire à la Défense Ashton Carter. Il devrait l’accompagner à la Maison-Blanche, alors que la régence du royaume devrait être confiée, comme maintenant, au Prince héritier et Ministre de l’Intérieur Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz. Le séjour du Roi en France, avant son voyage officiel aux Etats-Unis, porte un double message: un message aux Français sur la solidité des liens franco-saoudiens, des liens politiques et stratégiques mais aussi personnels et affectifs, et un message aux Américains sur les alternatives possibles, en France comme ailleurs, en cas d’éloignement durable entre Riyad et Washington.
On voit bien ici l’empreinte de Mohammad Ben Salman, qui a choisi de séjourner à Paris en allant et en revenant de Washington, et qui a décidé de revenir en visite officielle en France, tout en multipliant ses visites officielles à l’étranger, y compris en Russie. Mohammad Ben Salman, comme pratiquement tous les dirigeants saoudiens, sollicite la France et d’autres partenaires internationaux, dans des contextes géopolitiques particuliers, tout en pensant au moment des grandes retrouvailles saoudo-américaines… La France en profite, et en profitera pour quelques temps encore, en attendant une meilleure visibilité au niveau des relations saoudo-américaines.
Il faudra plus qu’une visite royale à Washington, à la veille d’un changement attendu à la Maison-Blanche, pour dissiper les malentendus actuels entre les deux pays… Cela va donc dans le sens d’une plus grande proximité entre Paris et Riyad, voulue et activement défendue par les deux parties, et que les tentatives des autorités françaises, parfois maladroites ou incohérentes, de s’ouvrir sur l’Iran, ne devraient pas affecter particulièrement.
Dans cette note de 4.444 mots, réservée à ses clients, MESP revient sur (i) le contexte qui a permis au Roi Salman de venir passer ses vacances en France (l’évolution de sa santé, le choix politique de Mohammad Ben Salman, les garanties liées à sa sécurité etc.), (ii) le programme des audiences, privées et politiques, du Roi, et la composition de sa cour, (iii) les préparatifs de sa visite aux Etats-Unis et les autres dossiers (Yémen, Syrie, Iran, etc.) que “le comité stratégique” assurant la liaison avec Riyad est chargé de suivre pour le Roi et Mohammad Ben Salman.