“Une idéaliste amoureuse du Moyen-Orient”. C’est ainsi que Mme Sigrid Kaag était présentée aux Libanais (par L’Orient-Le Jour et l’AFP, le 17/10/2013), alors qu’elle était “chargée de désarmer la Syrie”. Aujourd’hui représentante spéciale du SG de l’ONU pour le Liban, la brillante diplomate européenne milite désormais en faveur de l’armement, sans rien perdre de son idéalisme gagné à l’école néerlandaise et que beaucoup de ses collègues doivent lui envier en ces temps difficiles…
Habillée en rouge, au milieu d’une forêt de treillis militaires exclusivement masculins, Kaag est montée au front, à Ersal, le 01/07/2015, pour soutenir l’Armée libanaise directement engagée dans la guerre contre le terrorisme de l’Etat Islamique et d’al-Qaëda. Entourée du commandant de l’Armée le général Jean Kahwaji et du Ministre de la Défense Samir Moqbel, elle a, très judicieusement, établi un lien direct entre la souveraineté du Liban, que défend l’Armée libanaise, et la sécurité de l’Europe qui voit s’approcher vers elle une menace djihadiste qu’elle croyait si lointaine.
Le rouge de sa veste valorisait la présence, sur ce théâtre d’opérations militaires, et dans ce contexte régional sanguinaire, de la représentante diplomatique et civile de l’ONU au Liban, alors que d’autres représentants militaires de l’organisation internationale veillent, avec leurs bérets bleus, sur d’autres frontières libanaises.
Quels messages doit-on voir dans ce déplacement, original, surmédiatisé, et surexpliqué? Une volonté internationale de défendre, directement s’il le fallait et à travers des interventions sur le terrain, la souveraineté libanaise, face aux nouvelles formes d’agressions qui viennent de Syrie et des groupes terroristes? Un possible aménagement des missions des troupes internationales pour leur permettre d’assister, en cas de nécessité, les FAL déployées face à Daech et à al-Qaëda? Une décision d’offrir aux FAL les moyens matériels et opérationnels, et les couvertures politiques et diplomatiques, nécessaires pour rendre, un jour, caduque la présence du Hezbollah le long des frontières avec la Syrie?
Idéalisme mis à part, Mme Kaag connaît parfaitement bien la situation sur le terrain, comme elle doit connaître les limites qui se posent devant le renforcement des FAL. Sa connaissance fine et subtile des nuances de la géopolitique régionale et de la politique libano-libanaise lui permet, surtout, de comprendre avant ses collègues bureaucrates dispatchés entre New York et les capitales européennes, l’urgence de la situation, aussi bien pour le Liban que pour les pays européens qui vivent peut-être leurs dernières années de quiétude sur l’autre rive de la Méditerranée.