Liban – Espagne: Felipe VI: l’engagement dans la discrétion


En l’absence d’un Président de la république, la visite du Roi Felipe VI au Liban, la première visite aux troupes en OPEX depuis son accession au trône, se devait d’être discrète. Une rencontre à l’Ambassade (villa Chéhab) avec le staff et la communauté espagnole, une visite au Grand Sérail le siège du Premier ministre Tammam Salam et un dîner “restreint” dans le pavillon privé du PM, des discussions assez expéditives avec le vice-PM et Ministre de la Défense Samir Moqbel (07/04), et, surtout, une visite à la FINUL (08/04).

FINUL: Felipe VI renouvelle l’engagement de l’Espagne

Le Liban n’a toujours pas de Président, sa sécurité est plus ou moins assurée par une multitude de facteurs internes et régionaux, politiques et militaires, et la visite du Roi d’Espagne, dont le pays contribue à hauteur de 594 soldats à la FINUL (total des soldats espagnols en OPEX, en avril 2015: 2.225), est d’autant plus appréciée qu’elle intervient 70 jours après la mort d’un militaire espagnol (tué par un obus israélien, comme le révèle le rapport confidentiel espagnol, dont les conclusions sont reprises par el Pais et les médias beyrouthins avant et pendant le déplacement du Roi), et qu’elle est l’occasion pour Felipe VI de réaffirmer l’engagement de son pays au sein de la force de maintien de la paix au sud-Liban.

Si le but de cette visite est la FINUL et la stabilisation du front sud, elle est réussie, d’un point de vue libanais. Les révélations des conclusions du rapport sur la mort du militaire espagnol lors des derniers incidents, la veille de cette visite, auraient servi à “rapprocher” davantage les Espagnols des populations et des autorités locales du sud-Liban… Cela servira sans doute au succès de l’engagement, ainsi renouvelé par le Roi Felipe VI, des forces espagnoles au sein de la FINUL, même si cela n’apaisera pas certaines susceptibilités israéliennes…

D’autres rendez-vous sont pris

Felipe VI aurait pu élargir ses rencontres libanaises, en rencontrant d’autres responsables politiques, économiques, militaires, culturels (la langue espagnole progresse parmi les Libanais) et religieux (surtout que l’occasion de Pâques offrait une excuse valable pour une rencontre avec le chef de l’Eglise maronite…), mais cela aurait été compliqué à gérer, politiquement, médiatiquement et sécuritairement.

L’Espagne est intéressée par une série de projets économiques au Liban, dont des projets énergétiques [voir notre note « Proche-Orient – Espagne: La diplomatie espagnole profite à l’image de Repsol au Liban »; le paragraphe Lebanon – Pre-qualification Round dans notre rapport Pétrole et Gaz du 1er avril 2013et le paragraphe Lebanon – Diplomatic Activity dans notre rapport Pétrole et Gaz du 29 avril 2013] les milieux d’affaires espagnols, qui pensent aussi aux immenses opportunités qu’offrirait la reconstruction de la Syrie voisine, multiplient leurs rencontres avec leurs homologues libanais (le dynamisme de Mme l’Embajadora Milagros Hernando y est pour beaucoup). La présence d’un Président de la république, et une meilleure visibilité des évolutions politiques internes et régionales, auraient pu encourager le Roi à élargir sa délégation et le spectre de ses rencontres à Beyrouth.

La couverture médiatique de cette visite est limitée, et cela est mieux pour des raisons de sécurité surtout, mais aussi pour des raisons politiques (l’absence d’un Président chrétien maronite ne permet pas qu’une telle visite soit “récupérée” par le PM sunnite par exemple…).

Notre site Middle East Strategic Perspectives a couvert quelques étapes de cette visite, via notre compte sur Twitter @mestrate : rencontre Felipe VI-Salam au Grand Sérail, rencontre Felipe VI-communauté espagnole à l’Ambassade, et informations sur la visite d’inspection du contingent espagnol de la FINUL. Nos messages semblent avoir été appréciés par le Roi qui l’a fait savoir sur son compte personnel @SMelReyFelipeVI. Nous en sommes flattés et honorés.

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