L’urgence et la gravité de la situation au Yémen voisin jouent en faveur d’une plus grande cohésion familiale, même si cette aventure ne saura rester sans impact sur le rapport des forces entre les princes les plus en vue au palais.
Le prince Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz, ministre de la Défense, directeur du diwan royal et conseiller spécial de son père le roi Salman, est devenu, grâce à son premier vrai baptême de feu, le héros et défenseur des droits des musulmans et des arabes aux yeux des courants arabo-sunnites, les plus contradictoires parfois… Il joue gros donc avec la guerre au Yémen contre les Houthis et l’influence iranienne, une guerre qui complètera, par la suite, l’opération anti-Daech menée par les Saoudiens dans le cadre de la coalition conduite par Washington. Le règne de son père n’est pas illimité, et le temps presse pour lui. Un échec au Yémen sera fatal pour son avenir politique. Au contraire, un succès, franc et reconnu, lui servira dans sa progression vers le trône.
Face à lui, il aura toujours son cousin le prince héritier du prince héritier le ministre de l’Intérieur Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz. Ce dernier, qui a l’avantage d’être déjà en pole position en étant, pratiquement, le candidat à la succession du roi, sait aussi qu’il aura de nombreuses occasions pour montrer ses « muscles » sur le plan militaire et sécuritaire : lutte contre al-Qaëda et l’EI, gestion de la menace chiite interne, protection des frontières, sécurité des sites stratégiques (y compris des installations pétrolières) etc.
Dans cette note de 1560 mots, réservée à ses clients, MESP tente d’évaluer le rapport des forces actuel entre les “clans” MBS et MBN, et d’en anticiper l’évolution au cours des prochains mois.