Liban: Paris bataille sur deux fronts pour identifier le Président “optimal”


Le directeur MENA au Ministère français des Affaires étrangères Jean-François Girault n’était pas le seul émissaire étranger à partir en mission au Liban ces derniers jours : il y a eu surtout l’émissaire présidentiel russe le vice-MAE Mikhail Bogdanov, et la responsable des politiques extérieures et de sécurité de l’UN Federica Mogrini. Beyrouth attend aussi la visite de responsables iraniens, dont le Président de la Choura Ali Larijani.

Il n’empêche que la France, grâce aussi à son alliance actuelle avec l’Arabie saoudite, et à ce qui est perçu comme un partage des rôles entre Paris et Washington, pense être un acteur clé dans la réorganisation du système politique en cours au Liban. Il lui faut en tout cas l’approbation de l’Iran, et c’est le dossier sur lequel planche Girault justement, et les encouragements de la Russie, un dossier que l’Elysée tente de traiter directement vu la sensibilité des relations franco-russes actuellement.

Paris, qui s’inquiète des risques qui pèsent sur la stabilité du Liban (menaces militaires et terroristes, poids de la présence massive syrienne), encourage, directement, pro-Saoudiens et pro-Iraniens au dialogue, tout en cherchant à rassurer les Chrétiens sur leur place dans le système politique en dépit de leur exclusion du dialogue. Mais Paris, porté par son enthousiasme, et estimant qu’il y va de son intérêt, a voulu imposer leur Président aux Libanais et aux Chrétiens (le poste de Président leur “revient”), en coordination avec les Saoudiens. Les Français ont dû se rétracter, face au rejet du camp adverse à l’axe franco-saoudien, et tentent maintenant d’arrondir les angles en élargissant le tour de table présidentiel. Ils ont compris qu’ils doivent impérativement passer par l’Iran et le Vatican et leurs camps respectifs au Liban, et ne pas chercher à imposer un “franco-saoudien” à la Présidence.

C’est la deuxième bataille présidentielle de Paris qui a dû batailler aussi avec son allié saoudien pour éviter, dans un contexte donné, qu’un homme à Riyad et exclusivement pro-saoudien ne soit imposé à la Présidence. Les Français se retrouvent ainsi dans une situation médiane, entre deux camps opposés, et optent désormais clairement pour le choix d’un Président centriste et donc à égale distance de Riyad et de Téhéran. Des noms circulent à nouveau, mais ce Président soutenu à la fois par Riyad et Téhéran, appuyé par la France et son camp, accepté par Damas et Moscou, et qui rassurerait le Vatican et le camp chrétien reste encore invisible.

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