Le Hezbollah a revendiqué l’attaque contre une patrouille israélienne à Chébaa, survenue le 07/10, la première attaque anti-israélienne sur la zone revendiquée par l’organisation libanaise depuis 2006. La FINUL enquête sur les circonstances de l’attentat survenu dans une zone que le Hezbollah considère hors 1701, et qui intervient en représaille à la mort, quelques semaines auparavant, d’un cadre opérationnel du parti tué par les Israéliens sur le sol libanais.
Il s’agit donc d’une réaction à une agression israélienne contre la souveraineté libanaise et contre le Hezbollah, mais cette initiative, sur cette zone, dans le contexte interne et régional actuel, porte en elle-même trois messages :
Un premier message aux Israéliens auxquels le Hezbollah entend ainsi réaffirmer son attachement aux règles du jeu établies : à une agression militaire sur le sol libanais, Israël doit s’attendre à une réponse directe du Hezbollah. Il s’agit de ne montrer aucun signe de relâche sur le front sud, face à Israël, malgré l’intensité de l’engagement du Hezbollah sur le front syrien et terroriste.
Un deuxième message aux terroristes de Jobhat al-Nosra et aux autres composantes de l’Opposition syrienne basés désormais dans le Golan syrien et qui lorgnent sur les régions libanaises voisines : il s’agit de les dissuader d’engager une quelconque action militaire en direction notamment de Hasbaya et des régions voisines au sud-Liban, et de les empêcher de vouloir déstabiliser ces régions libanaises au tissu social et communautaire complexe et fragile (ce même message peut également s’adresser aux Israéliens s’ils étaient tentés d’encourager les terroristes sunnites à agir sur la zone contre le Liban).
Un troisième message enfin, que le Hezbollah entend adresser à sa propre base et aux Libanais de manière générale, pour remobiliser les troupes et espérer trouver un consensus national le plus large possible autour de sa politique actuelle: le Hezbollah, qui est engagé, au quotidien, en Syrie et maintenant au Liban (Arsal, Baalback) contre l’Etat Islamique et al-Qaëda (Jobhat al-Nosra), et qui perd de nombreux combattants dans cette guerre ouverte, a intérêt aussi à faire jouer à nouveau la carte de la résistance contre Israël, pour une question idéologique et de légitimité populaire. Jouer simultanément sur les deux tableaux, celui de la menace takfiriste et celui du danger israélien, c’est encore mieux. Chébaa lui offre cette possibilité, surtout que la double menace terroriste et israélienne est aujourd’hui bien réelle.