Plusieurs marines de guerre fréquentent le Port de Beyrouth, dont certaines occasionnellement et même symboliquement comme la Marine russe, et d’autres de manière régulière comme c’est le cas des marines qui détâchent des bâtiments à la mission navale de la FINUL. D’autres aussi, et c’est le cas de l’US Navy, y font escale au grè des missions entreprises en Méditerranée. Des marines de pays contributeurs de la FINUL fréquentent également le Port de Beyrouth, dans le cadre de missions nationales ou de l’OTAN.
Le Port de Beyrouth est voué à occuper une place encore plus grande dans le réseau des ports civils à vocation militaire aussi, en Méditerranée Orientale. Les évolutions géopolitiques actuelles, induites par la guerre en Syrie, les contentieux maritimes entre les pays riverains, et la problématique du gaz offshore, valorisent, en effet, son importance stratégique. Les navires militaires promis à la modeste Marine libanaise dans le cadre du programme franco-saoudien de $3md auront besoin de ce même port qui offre, dans son bassin numéro 4, la profondeur nécessaire pour accueillir des bâtiments d’un tonnage important.
La Marine Nationale française, dont plusieurs navires comme le Dixmude ont visité le Port de Beyrouth au cours des derniers mois pour des raisons militaires et logistiques, a une longue tradition avec ce port et entend la préserver. Les liens historiques entre la France et le Liban expliquent partiellement cet intérêt de la Marine Nationale française pour le Port de Beyrouth. Les avantages opérationnels qu’offre ce port, grâce à sa position géographique et à ses capacités d’accueil et de manutention, aussi.
Le projet, strictement commercial, qui risque de priver le Port de Beyrouth de son bassin 4, le plus avantageux pour les marines étrangères, en le transformant en une plateforme d’accueil de conteneurs, inquiète les partenaires internationaux du Liban. En effet, en fermant ce bassin, le plus profond, les navires de guerre d’une certaine envergure n’auront plus les mêmes facilités au Port de Beyrouth et pourraient opter vers d’autres ports méditerranéens. Cela met en péril, à terme, les relations entre le Liban et ses partenaires militaires et stratégiques, et peut fragiliser la sécurité même du pays. A ce jour, il s’agit encore d’un projet, qui peut se concrétiser à tout moment, mais un projet dont il convient de mieux évaluer l’impact stratégique sur le Port de Beyrouth et sur le Liban.