Le retour en force des Etats-Unis en Arabie saoudite, et les divergences qui commencent à apparaître entre Paris et Riyad sur certains dossiers régionaux risquent d’affecter les programmes d’armement franco-saoudiens, comme le programme naval Sawari III. Cela risque aussi d’affecter les programmes d’armement français avec d’autres partenaires arabes. Pas le Qatar et les EAU probablement, mais l’Irak peut-être, ou aussi l’Egypte, et très certainement le Liban.
Ce dernier pays l’illustre si bien, avec le programme de $3md aujourd’hui bloqué malgré les assurances des uns et des autres. Ce programme, dont MESP conseille le saucissonnage afin qu’il puisse répondre aux besoins les plus urgents de l’Armée libanaise, souffre d’une série de contraintes d’ordre technique et politique. Il n’est pas condamné, encore aujourd’hui, mais deux éléments supposent qu’il est réellement bloqué :
(i) il y a tout d’abord l’affectation par Riyad en urgence d’une rallonge budgétaire de $1md confiée à l’ex-Premier ministre libanais pro-saoudien Saad Hariri, traditionnellement francophile, et qui commence à être attribuée aux industriels américains et russes pour livrer sans délais des armes, des munitions et du matériel de sécurité à l’Armée (Cessna, Tucano, Hellfire etc.) et au Ministère de l’Intérieur (le Ministre est en visite cette semaine à Moscou);
(ii) il y a ensuite ce chantage que les Saoudiens tentent d’exercer sur Paris en liant le déblocage des $3md à un monopole saoudien sur le choix du futur Président libanais, chantage que les Français rejettent, malgré leur alliance stratégique avec Riyad. Car, en effet, pour Paris, l’arrivée à la tête du Liban d’un “pantin” entre les mains des Saoudiens, alors que de nombreuses considérations régionales et internes nécessitent un Président libanais bénéficiant d’une marge évidente vis à vis des puissances régionales influentes. A l’heure de la préparation de l’après-EI et de l’après-Assad, et à l’heure de la recomposition du pouvoir politique en Irak, et à l’heure aussi des négociations avec l’Iran, la France ne pouvait accepter que le Liban bascule totalement dans un seul et unique camp, celui de l’Arabie saoudite. Cette limite placée par la France à l’ambition de l’Arabie saoudite au Levant, peut être très mal vécue par le “partenaire de référence” de Paris…