Officiellement, la France maintient une ligne politique ferme à l’égard de l’Iran, celle prônée par le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et les néo-conservateurs français. A Paris, l’expérience, désastreuse, de la Libye, et celle, déconcertante, de la Syrie, ne semblent pas dissuader les vat-en-guerre. Ils entretiennent, plus ou moins sournoisement, l’idėe d’un encerclement perpétuel de l’Iran, et n’excluent jamais l’abandon du projet de guerre contre la république islamique. Pourtant, l’Iran, qui étend son influence politique au Moyen-Orient notamment, et qui poursuit des discussions avancées avec la communauté internationale sur son dossier nucléaire, sort de son isolement, progressivement, et commence à ouvrir son marché intérieur aux partenaires les plus avertis.
La France, qui a choisi l’Arabie saoudite comme partenaire de référence dans le monde arabo-musulman, maintient donc une ligne dure vis à vis de l’Iran, se pliant, en quelque sorte, aux contraintes d’un jeu à somme nulle qu’elle est seule à pratiquer en fait. Les Français doivent penser pouvoir rattraper leur retard en Iran, le moment venu, si jamais les néo-conservateurs abandonnaient leur anti-chiisme primaire et si jamais la normalisation se confirmait entre Téhéran et Riyad avec la bénédiction de Washington. Mais ne serait-ce pas trop tard déjà pour la France et ses industriels? Certains à Paris le craignent sérieusement, et veulent anticiper le risque d’exclusion, politique et économique, des Français d’Iran.
Alors que la France décide de rouvrir son bureau économique au sein de son ambassade à Téhéran, et que le MEDEF lance des initiatives pour ouvrir le marché iranien à ses membres, le Quai d’Orsay évalue le profil de son prochain Ambassadeur auprès de l’Iran. Parmi les noms pressentis pour ce poste, celui de l’ancien Ambassadeur en Irak et en Syrie, Jean-François Girault, qui supervise aujourd’hui les dossiers MENA au MAE. Quelque soit le nom qui sera finalement retenu pour l’Ambassade de France à Téhéran, il lui faudra impérativement, commencer par (i) convaincre sa hiérarchie de modifier sa politique iranienne, radicalement, pour anticiper et accompagner les changements qui se dessinent en Iran, (ii) rassurer les milieux d’affaires français sur leurs parts potentielles du marché iranien, face à une concurrence asiatique bien installée et à une concurrence européenne et américaine qui s’annonce féroce, et (iii) pousser les autorités iraniennes à redynamiser ses services diplomatiques, consulaires et commerciaux à Paris où l’Ambassade d’Iran fonctionne à bas régime.
Le lobby qui se crée actuellement à Paris, pour rassembler les promoteurs de relations économiques et commerciales solides entre la France et l’Iran, devrait l’aider dans sa mission. Le “Cercle Iran Économie” fait partie de cet effort collectif pour “l’ouverture des échanges commerciaux avec l’Iran” (thème du premier colloque organisé le 23/05 au Palais de Luxembourg par le Cercle Iran Économie en partenariat avec le groupe d’amitié France-Iran du Sénat).