Nommé, un an plus tôt, deuxième vice-Premier ministre, le prince Muqrin Ben Abdulaziz, 70 ans, vient d’être nommé, le 27/03, “prince héritier du prince héritier”. Par cette décision, le Roi Abdullah Ben Abdulaziz, qui avait fait de son demi-frère son conseiller le plus proche et son représentant personnel, court-circuite le Comité d’allégeance (même si certains de ses membres ont été consultés, pour la forme). Cela s’imposait, puisque ce comité, que préside le prince Mishaal Ben Abdulaziz, est bloqué depuis des mois, sinon des années, et a failli clairement à sa mission pour organiser la succession. Anticipant d’éventuelles contestations, le Roi Abdullah a mis en garde, dès le 27/03, contre la remise en question de cette nomination qui vise à assurer la stabilité du processus de transmission du pouvoir après la vacance des deux postes de Roi et de Prince héritier.
Muqrin, le plus jeune des fils vivants du roi fondateur, est aussi, en quelque sorte, “le plus petit dénominateur commun” entre les clans et princes les plus influents actuellement. Cet ancien pilote de chasse passé par les écoles de guerre britanniques et américaines, a occupé de nombreux postes politiques (vice-PM, conseiller du Roi), administratifs (gouverneur de Hael et de Médine) et sécuritaires (RAF, directeur de l’Intelligence Service), et possède un important réseau de relations arabes (il est de mère yéménite, très présent au Liban, et maintient d’étroites relations avec les dirigeants du CCG et du Maghreb) et internationales (Washington, Londres). Surtout, Muqrin, qui n’est pas un Sudaïri (comme le Prince héritier Salman, ses fils et ceux de ses six autres frères Sudaïris dont les fils des princes Nayef et Sultan), est en ce sens “neutre” parmi les princes de la première génération et un peu à l’écart des tiraillements entre les clans les plus puissants. Il est aussi à l’intersection des deux générations de princes, fils et petits-fils du Roi Abdulaziz, de par son âge (un “jeune” de 70 ans, qui a l’âge de plusieurs de ses ambitieux neveux) et de par ses relations familiales.
Sa nomination, à la veille de la visite du Président américain Barack Obama à Riyad, et alors que l’Arabie saoudite doit relever une série de défis majeurs de diverses natures, touchant son environnement géopolitique et même sa stabilité interne, doit porter un message rassurant sur le pouvoir politique et la cohésion familiale. Cette initiative, qui fait suite à une série de remaniements au cours des deux dernières années et qui ont touché d’importants postes officiels, politiques, économiques, militaires et sécuritaires, ouvre la voie à une passation du pouvoir “suprême” de la première génération à la deuxième génération des Al Saoud. Sauf imprévue, le prochain souverain, après le tandem Abdullah-Salman, sera Muqrin. Son Prince héritier sera, logiquement, un prince de la deuxième génération.