Après plusieurs mois d’un bras de fer, sournois mais violent, le Ministre saoudien de l’Intérieur le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz a imposé aux proches du Roi Abdullah, manu militari en quelque sorte, une personne étrangère aux Al Saoud (n’appartenant pas à la famille) pour occuper le poste stratégique de vice-Ministre de l’Intérieur. MBN, qui avait gelé cette nomination des mois durant, pour empêcher que lui soit imposé par le palais un membre de la famille qui échapperait à son contrôle, a nommé, le 18/12/13, le général à la retraite Abdel-Rahman al-Rubaïan. Ce dernier fut dircab du deuxième vice-Premier ministre feu le prince Nayef Ben Abdulaziz, père de l’actuel Ministre de l’Intérieur, avec rang de Ministre, et fait partie des proches et fidèles collaborateurs de MBN à l’Intérieur. Mais c’est aussi un outsider d’un point de vue familial, et surtout, sa nomination s’est faite directement par le Ministre de l’Intérieur et contrairement aux règlements en vigueur qui stipulent que les numéros deux des ministères soient nommés par le Roi.
MBN avait deux raisons pour imposer son homme à l’Intérieur, aujourd’hui: la première vise à accompagner et à anticiper les nominations qui se poursuivent au profit du clan Abdullah; la deuxième, révèle l’opposant virtuel @Mujtahidd, est de couper court au forcing que tentaient le prince Mitaab Ben Abdullah Ben Abdulaziz et le dircab du Roi Khaled al-Tueïjri pour imposer eux-mêmes un Saoud de leur choix au poste de vice-Ministre de l’Intérieur dans le but de retirer certaines prérogatives à MBN et de l’encercler au sein de son ministère. La version de @Mujtahidd est plausible, et réaliste même. Mais il faudrait aussi garder à l’esprit que les nominations se poursuivent et s’accélèrent, et que le quota du clan Nayef n’est toujours pas atteint, surtout avec les nominations à l’avantage du clan Abdullah.
En effet, MBN sait s’imposer, même s’il a gardé le poste vacant pendant des mois, mais il sait aussi choisir le timing optimal, pour lui. Celui-ci semble avoir été atteint, maintenant que le clan Abdullah intensifie son positionnement au sein du pouvoir pour préparer la succession du Roi et éventuellement aussi, celle de son Prince héritier Salman Ben Abdulaziz. Quelques jours seulement après la nomination d’un vice-Ministre de l’Intérieur et de plusieurs cadres supérieurs au Ministère (sept), on annonçait à Riyad la nomination du prince Mishaal Ben Abdullah Ben Abdulazizi, fils du Roi, au poste, très stratégique, de Gouverneur de La Mecque, et celle de son prédécesseur le prince Khaled el-Fayçal au poste, tout sauf stratégique selon la conception familiale, de Ministre de l’Education. Khaled, frère du Ministre des Affaires étrangères le prince Saoud el-Fayçal, est en quelque sorte rétrogradé, par le palais, en fait par le tandem Mitaab-Tueïjri, pour céder la place à Mishaal. Le palais avait flanqué à son frère un autre fils du Roi Abdullah, le prince Abdulaziz Ben Abdullah Ben Abdulaziz, au poste de vice-MAE, pour barrer la route au prince Turki el-Fayçal, ex-chef des RG et ex-Ambassadeur à Londres et à Washington, alors que la santé du prince Saoud el-Fayçal se détériorait…
Depuis, le prince Mitaab Ben Abdullah a eu son Ministère de la Garde Nationale dont il projette l’élargissement et la réorganisation jusqu’à envisager un positionnement régional aux forces de la GN via la force commune du Conseil de Coopération du Golfe qui vient de se doter d’un commandement militaire unifié basé à Riyad. Les fils du Roi Abdullah contrôlent le palais, le Conseil des ministres, la Garde Royale, le Ministère de la Garde Nationale, le gouvernorat de La Mecque, et de plus en plus aussi, le Ministère des Affaires étrangères. Des nominations sont prévues à d’autres organismes de la sécurité et de la défense, comme au Conseil de la Sécurité Nationale. Le prince Turki el-Fayçal vise le poste de SG du CSN, en cas de désistement du prince Bandar Ben Sultan Ben Abdulaziz, surtout après la nomination du SG adjoint du CSN et demi-frère de BBS le prince Salman Ben Sultan Ben Abdulaziz au poste de vice-Ministre de la Défense, en remplacement du prince Khaled Ben Sultan Ben Abdulaziz, autre demi-frère de BBS mais en délicatesse, lui, avec le tandem Mitaab-Tueïjri. Mitaab Ben Abdullah et Khaled al-Tueïjri planchent dessus depuis quelque temps déjà…
Mohammad Ben Nayef se devait de s’imposer, en accompagnant les changements en cours et en anticipant ceux qui se préparent. Certains de ses frères occupent des postes sensibles, des postes qu’il appuie lui-même via les larges prérogatives de son Ministère, notamment sur le plan des régions et gouvernorats, des prérogatives que le palais pensait pouvoir limiter en lui imposant un second qui ne lui soit pas acquis…