Dubai Air Show 2013: Une approche souple et consensuelle, payante pour les Français 

Pour les industriels français de l’aéronautique et de la défense, Dubai Air Show 2013 compense largement les failles et faiblesses de leur présence au salon émirati deux ans plus tôt. Depuis l’édition 2011, lorsque les chefs de file de l’industrie aéronautique française s’étaient retrouvés en marge des évènements majeurs d’une certaine façon,et lorsqu’ils avaient été attaqués à travers leur Rafale, il y eût de nombreux changements qui leur ont permis de récupérer la place centrale qui leur revient dans ce salon. Voilà que les Français parviennent, grâce à ces changements, y compris dans leur propre approche du marché émirati, à concentrer toutes les attentions des responsables émiratis, à commencer par le Prince héritier d’Abu Dhabi et commandant adjoint des Forces armées cheikh Mohammad Ben Zayed Al Nahyan.

Entre l’édition 2011 du salon aéronautique de Dubaï et cette année donc, il y a eu une série de changements à l’avantage des industriels français : des changements stratégiques, avec un rapprochement encore plus grand entre Paris et Abu Dhabi sur les dossiers les plus sensibles pour les dirigeants émiratis (les Frères Musulmans, la Syrie, l’Iran), alors que les positions britanniques sur ces dossiers étaient incomprises d’un point de vue émirati; des changements politiques (avec la prise en charge du dossier bilatéral, de manière particulièrement adroite et pragmatique, par le très apprécié Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian); des changements, en France, sur le plan industriel (avec notamment des nominations visibles au GIFAS et l’arrivée d’Eric Trappier, un “ancien” du programme Mirage 2000-9, à la tête de Dassault Aviation) et sur le plan technologique (progression du programme nEUROn, exploitation des expériences libyenne et malienne sur Rafale et Mirage). Tous ces changements permettent des changements de style dans les rapports franco-émiratis, entre les autorités françaises (et surtout J-Y Le Drian et E. Trappier) et leurs interlocuteurs émiratis (l’incontournable cheikh Mohammad Ben Zayed Al Nahyan), et une évolution positive de l’image de la France, de ses dirigeants et de ses industriels, une image quelque peu brouillée pour les Emiratis à la fin de la première décennie. L’agressivité, qui pouvait alerter Mohammad Ben Zayed Al Nahyan, a cédé la place à un style de négociations bien moins stressant, car moins pressant et moins pressé.

Curieusement, dans ce contexte, ce sont les Britanniques qui semblent agacer maintenant leurs interlocuteurs émiratis, en faisant du “sarkozysme” excessif pour la promotion de leurs intérêts sur le marché émirati… Ce forcing britannique, un peu “à la Sarkozy”, et qui les poussait même à annoncer, à la veille du salon, un contrat Eurofighter avec les Emirats Arabes Unis, montre aujourd’hui ses limites. Une nouvelle fois, avec les Britanniques. D’ailleurs, cela n’a pas échappé aux fins observateurs des coulisses de Dubai Air Show cette année, lorsque l’homme fort d’Abu Dhabi cheikh Mohammad Ben Zayed Al Nahyan a évité de rencontrer le Premier ministre britannique David Cameron qui a voulu faire une halte à Dubaï sur sa route vers l’Asie, et son Ministre de la Défense Philip Hammond qui a dû se contenter d’une rencontre publique avec le Ministre des Affaires étrangères émirati cheikh Abdullah Ben Zayed Al Nahyan. Quant aux Français, autorités officielles et industriels, ils semblaient bénéficier d’une attention particulière de la part de Mohammad Ben Zayed lui-même, un MBZ qui aurait passé plus de temps en compagnie de Le Drian et de Trappier qu’avec plusieurs délégations internationales réunies.

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