Cette année, 2013, on commémore le trentenaire de l’attentat contre les soldats français qui a fait, ce 23/10/1983, 58 morts parmi les militaires des 1er et 9e régiments de chasseurs parachutistes de Pau et Toulouse basés non loin de l’Ambassade d’Iran à Beyrouth. Cette année aussi, la cérémonie, organisée par l’Ambassadeur Patrice Paoli, s’est tenue “entre quatre murs”, en territoire “français” à la résidence des Pins, sans tapage médiatique. Peut-être qu’elle fut, cette année du trentenaire, moins discrète que les années précédentes, malgré une présence officielle toujours réduite pour ne pas dire insignifiante. Mais, cela reste bien en deçà du sacrifice consenti par les militaires français.
Depuis trente ans, les circonstances ne permettent pas, semble-t-il, que soit exprimée une reconnaissance officielle et publique libanaise aux soldats français morts pour le Liban. Les Libanais ne percevraient pas de la même manière cet évènement? Mais cette année, le ministre délégué aux Anciens combattants Kader Arif a fait le déplacement, et l’Ambassadeur Patrice Paoli a pensé à convier à la cérémonie, franco-française, des représentants de la Présidence de la république, du Premier ministre et de l’ancien Président Amine Gemayel en poste lors de l’attentat anti-français. Insuffisant.
Cette cérémonie, qui ne doit pas faire oublier les soldats français morts au Liban sous les couleurs de la FINUL, ni l’Ambassadeur Louis Delamare assassiné en septembre 1981 non loin d’un barrage de l’Armée syrienne, coïncide avec un regain de tensions franco-syriennes et avec aussi un début de détente franco-iranienne (poignée de main à l’ONU entre les Présidents Hassan Rouhani et François Hollande) et franco-Hezbollahi (accueil au Quai d’Orsay d’un député du Hezbollah, Ali Fayad, et élargissement des contacts entre les deux parties à Beyrouth). Le contexte politique au Liban et dans la région est pour le moins ambigu pour la France dont l’image dans la région est quelque peu floue aujourd’hui. Et, il semble aussi que la tension que vit aujourd’hui le Liban ne permette pas une expression trop visible d’une reconnaissance officielle et populaire à l’égard des sacrifices consentis par les Français et par l’Armée française…
Mais, reconnaissons-le, cette année, pour commémorer le trentenaire de l’attentat du Drakkar, Français et Libanais étaient moins réservés, même si cette commémoration a besoin, pour être digne, d’une reconnaissance officielle libanaise plus décomplexée : pourquoi pas la présence, en personne, du Président de la république, du Président du Parlement (qui n’a pas jugé bon de se faire représenter à la cérémonie de l’Ambassade), du Premier ministre, du Ministre de la Défense, du commandant de l’Armée, du Président de l’époque? Pourquoi pas une présence officielle française plus importante? Pourquoi ne pas associer les Libanais, amis de la France, et les Français du Liban? Pourquoi ne pas désenclaver la cérémonie et consacrer, en dehors de l’Ambassade, sur le lieu même de l’attentat, un monument dédié aux martyrs français? Le sacrifice est énorme. La reconnaissance, des Libanais et des Français, doit être à la hauteur de ce sacrifice. Aucune honte à cela, au contraire. Rendez-vous en…2033 pour le cinquantenaire?