L’image de la France auprès de la classe dirigeante libanaise est, aujourd’hui, particulièrement floue. La France, partenaire engagé et très présent, ne fait plus l’unanimité auprès des Libanais. Nostalgie et francophonie à part, il y a, parmi les Libanais, ceux qui voient en la France un partenaire international crédible, voire indispensable pour la défense des intérêts fondamentaux du Liban. Ceux-là voient, surtout, le dynamisme diplomatique de Paris, les capacités de projection de sa défense, son progrès technologique, etc. Il y a ceux qui, au contraire, reviennent sur le récent épisode syrien, pour penser que la France s’est déclassée, par impuissance, parmi les acteurs internationaux au Moyen-Orient. Ceux-là vont, pour certains, jusqu’à trouver inutile, contre-productif même, de préserver à la France sa place de partenaire privilégié du Liban, alors que Paris se retrouve, brutalement, en marge des arrangements internationaux et régionaux en cours. Il y a aussi, ceux au sein de la classe dirigeante libanaise, qui veulent accorder à la France le crédit d’avoir respecté ses engagements et défendu ses principes, à la hauteur de ses moyens et peut-être pas de ses ambitions.
Cela nous amène à nous interroger sur la place que pourraient encore occuper parmi la concurrence, y compris américaine, les compagnies pétrolières et énergétiques françaises, Total et GDF-Suez, qui ont confirmé leur intérêt pour le potentiel gazier libanais. Car, en effet, plus le processus avance, et malgré les obstacles de parcours, on comprend le poids du paramètre politique dans la sélection des partenaires internationaux du Liban pour l’exploitation de son gaz offshore. Aujourd’hui, alors qu’on pense, de manière réductrice certes, que le gaz syrien reviendrait aux Russes et que celui de Chypre irait aux Européens, on a tendance, à Beyrouth, à s’intéresser, surtout, à un partenariat avec les compagnies américaines. Cela n’exclut pas forcément les Français, mais cela signifierait, quelque part, que le Liban serait prêt désormais à accorder une place de “leaders” aux Américains au risque de reléguer au rang de “sous-traitants” la concurrence française et internationale.
Ainsi, plusieurs facteurs, plus ou moins visibles à ce stade, laissent supposer un forcing américain sur ce dossier. Les Américains l’ont anticipé, et bien calculé leur coup, longtemps en avance, en positionnant, au Liban et pas ailleurs, leurs compagnies les plus importantes: Chevron, ExxonMobil, Anadarko, Marathon, et autres. Ils ont surtout pris en charge, via leur Département d’Etat et la vice-Présidence des Etats-Unis, le dossier, sensible, du conflit territorial entre le Liban et Israël. Ils ont manœuvré, patiemment, afin de proposer, le moment venu, un compromis acceptable par les deux parties. Le moment serait proche, et la prise de contact entre Washington et Téhéran sur les dossiers régionaux, faciliterait l’accès direct des compagnies américaines au gaz offshore libanais et aux blocs contestés en particulier. Les compagnies américaines ne seraient plus mal perçues pour exploiter le gaz libanais, face à Israël. Au contraire, elles seraient désirées, par les Libanais et les Israéliens, pour le poids qu’elles représentent politiquement, afin qu’elles consolident la ligne de démarcation entre les champs gaziers des deux pays. Derrière les compagnies américaines, les compagnies françaises, européennes et asiatiques, tiendraient les seconds rôles.
Ce schéma n’est pas arrêté, mais il est en constante évolution puisqu’il est le reflet des arrangements géopolitiques en cours. Mais de ces arrangements, qui se répercuteront forcément sur le bassin oriental de la Méditerranée, sur le poids relatif des partenaires internationaux aux yeux des acteurs régionaux, sur la viabilité des projets d’exploitation du gaz offshore, etc., dépendra, en bonne partie, l’attribution des contrats libanais aux compagnies étrangères.
MESP suit de près la multitude de paramètres dont dépendront les contrats gaziers, dont les paramètres politiques et géopolitiques. Il y consacre une veille permanente, et un chapitre dans son rapport annuel intitulé “Lebanon’s Oil & Gas Sector: Potential and Opportunities” et qui sera disponible sur commande le 20 novembre 2013.
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