Les messages de soutien à l’Armée libanaise se poursuivent de la part de la communauté internationale, et de trois pays en particulier, très impliqués dans le dossier syrien, et très inquiets des risques de débordement de la guerre vers le Liban : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Ces trois pays donnent la priorité à la sécurisation de la frontière syro-libanaise, un programme impliquant principalement les Britanniques dont le CEMA Sir David Richards vient d’effectuer une visite au Liban, et surtout à la lutte contre le terrorisme islamique et aux menaces liées directement à la concentration sur le sol libanais de groupes combattants venus de Syrie. Richards, dont la visite succédait à celle du chef de l’USCENTCOM le général Lloyd Austin III au Liban (mai) et à celle du commandant des Special Forces l’amiral Kerry Metz (juin) la veille des incidents de Saïda entre l’Armée et le groupe terroriste du cheikh salafiste Ahmad al-Assir, a permis de débloquer des programmes urgents au profit de l’Armée libanaise.
A son tour, la France, qui pouvait hésiter à livrer des armements offensifs à l’Armée libanaise, pour une série de raisons dont des raisons strictement financières, vient de débloquer le programme de missiles HOT destinés à équiper les Gazelle libanais. Il y a donc une réelle volonté internationale d’aider l’Armée libanaise à renforcer son contrôle de la frontière avec la Syrie, mais aussi, et surtout, une volonté d’offrir aux Forces armées libanaises les moyens de contenir l’insécurité grandissante à travers le pays, avec comme toile de fond la guerre en Syrie et ses implications directes et immédiates sur le Liban, la fitna confessionnelle, et les risques terroristes grandissants.
Mettant entre parenthèses la problématique du Hezbollah qui pouvait ralentir la livraison d’armes à l’Armée, avec ses dimensions internes et israéliennes, Washington, Londres et Paris renouvellent ainsi clairement leur soutien à l’Etat libanais menacé d’effondrement et à ses Forces armées tiraillées entre plusieurs fronts. Les questions internes, avec les incertitudes liées au commandement de l’Armée ou les critiques émanant de milieux politiques et religieux contre l’Institution militaire, ne semblent pas affecter la détermination de la communauté internationale.
L’Armée a des impératifs immédiats, à commencer par le renforcement du contrôle des régions frontalières avec la Syrie, jusqu’à la stabilisation du sud du Litani avec la FINUL, en passant par la pacification des zones de tensions confessionnelles à Tripoli, Saïda, Arsal, Beyrouth, etc. Le repli vers le Liban de milliers de combattants venus de Syrie, et l’exacerbation de la problématique palestinienne avec l’arrivée de dizaines de milliers de réfugiés du camp syrien de Yarmouk, ne font qu’attiser les dangers sécuritaires, et mettre une pression encore plus forte sur l’Armée libanaise. Vu sous cet angle, les pressions politiques internes sur l’Armée paraissent particulièrement déplacées dans le contexte actuel…