Les “amis de la Syrie” réunis le 22/06 à Doha ont pressé leurs interlocuteurs officiels de la coalition anti-Assad de contenir la montée en puissance de groupes djihadistes violents, afin de continuer à bénéficier du soutien international, sur le plan militaire et opérationnel surtout. Il est exigé de l’Opposition syrienne et de ses bras armés officiels de montrer, d’ores et déjà, qu’ils divorcent d’al-Qaëda et de ses filiales régionales et locales, et de l’organisation terroriste Jabhat al-Nusra en particulier. Montrer que les prétendants au pouvoir à Damas sont capables de faire comme le régime de Bachar el-Assad en matière de lutte contre le terrorisme islamique…
Cette condition préalable ouvrirait la voie à un rééquilibrage, difficile même s’il n’est pas impossible, entre les forces du régime et ses opposants. Les takfiristes et les tenants du djihad global ne l’entendent pas de cette oreille, et intensifient leurs opérations sur le terrain, à coup d’attentats-suicides et d’opérations spectaculaires. A l’Armée Libre de Syrie de reprendre l’initiative, sur deux fronts : face à l’Armée syrienne et les milices alliées, et face à Jabhat al-Nusra et les groupes djihadistes. Les acteurs extérieurs, régionaux et internationaux, devront y contribuer.
L’appui logistique et militaire, y compris la livraison de nouveaux équipements et la formation, est décidé, et commence, semble-t-il, à faire son effet sur le terrain, avec la multiplication des fronts ouverts par l’ALS ces derniers jours. L’autre face de ce soutien attendu des amis de la Syrie est de rééquilibrer progressivement les aides attribuées à toutes les factions combattantes, y compris et surtout Jabhat al-Nusra et les groupes radicaux, au profit de l’ALS. La cuisante défaîte des djihadistes à Qoussaïr annoncerait le début du lâchage de Jabhat al-Nusra et des djihadistes par leurs soutiens extérieurs. Parmi ces soutiens, l’Arabie saoudite dont les artisans de la lutte contre Bachar el-Assad, le Ministre des Affaires étrangères le prince Saoud el-Fayçal et surtout le chef des RG et SG du Conseil de la sécurité nationale le prince Bandar Ben Sultan Ben Abdulaziz, se sont rendus à Paris négocier ce nouveau revirement. L’autre principal soutien des djihadistes internationaux engagés en Syrie, c’est le Qatar, d’où vient d’être lancé l’appel des amis de la Syrie à l’Opposition pour contenir, en vue de les exclure progressivement du jeu, les groupes les plus radicaux. C’est au Qatar aussi que s’écrit peut-être le dernier chapitre du djihad global en Syrie, avec le départ annoncé de l’Emir Hamad Ben Khalifa Al Thani et de son Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jabr Al Thani, qui semblent avoir fini par agacer y compris leurs plus proches alliés par leurs choix systématiques en faveur des courants les plus radicaux sur tous les théâtres d’opération où ils ont sévi au cours des dernières années, surtout en Libye, au Mali et maintenant en Syrie.
Le changement annoncé à Doha, et l’arrivée programmée au pouvoir du jeune Tamim Ben Hamad Al Thani, ne seront pas sans impact non plus sur le Liban. La chute du cheikh salafiste Ahmad el-Assir et l’escalade observée entre l’Armée et les groupuscules fondamentalistes ayant pu bénéficier, comme el-Assir, du soutien du Qatar, semblent être les premieres prémices de ce revirement qatari. Tout cela, avec les encouragements et les conseils de Washington et de Paris qui semblent vouloir ainsi retrouver Moscou au milieu du chemin sur la route de Genève 2…