Les menaces, franches et sans équivoque, lancées contre le Liban et sa souveraineté par l’ancien vice-Président syrien Abdel-Halim Khaddam, celui-là même qui fut l’architecte de l’occupation du territoire libanais par l’Armée du parti Baas, n’auraient-elles pas été entendues, à Beyrouth?! Celles du chef d’état major (CEM) de l’Armée Libre de Syrie non plus? Et celles attribuées aux takifiristes de Jabhat al-Nusra et ses relais?!
Khaddam, qui incarne tout ce que les Libanais peuvent reprocher au régime syrien, un régime qu’il a choisi de lâcher lorsque les horizons s’assombrissaient pour lui et pour ses trois fils, menace, aujourd’hui, le Liban … d’invasion. Pour l’exilé parisien, qui a envahi le Liban avec l’Armée baasiste d’Assad père, sous le prétexte de contenir l’OLP, la problématique actuelle que pose l’intervention militaire en Syrie d’une partie non représentative de l’Etat libanais et encore moins de la nation libanaise, entendre le Hezbollah, justifie une nouvelle invasion du Liban!!
Le CEM de l’Armée Libre de Syrie le général dissident Sélim Idriss, qui a pris ses galons au sein de la même Armée baasiste, menace, lui aussi, le Liban et les Libanais de représailles. Très remonté par le sponsoring qatari, par sa rencontre sur le terrain avec le Sénateur américain John McCain, et par la décision de l’UE de lever l’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles sous l’impulsion de Londres et de Paris, Idriss, qui a dû servir dans les rangs de l’Armée d’occupation syrienne au Liban alors qu’il servait le régime Assad, s’en prend donc à son tour au Liban dont il menace la souveraineté avec sa nouvelle armée…
Les opposants au régime de Bachar el-Assad ont de multiples raisons pour contester les prises de positions politiques de certaines parties libanaises en faveur du régime, comme ils ont le droit, bien entendu, de dénoncer l’implication militaire du Hezbollah chiite pro-iranien dans la guerre en Syrie. Mais ils doivent surtout savoir être reconnaissants à l’égard du Liban qui prend les risques que l’on sait en accueillant plus d’un million de réfugiés syriens, et à ceux parmi les Libanais qui ont choisi de soutenir activement leur camp, au Liban, en Syrie et dans les instances internationales.
Khaddam ne compte plus pour grand chose dans le jeu politique syrien, mais cela ne justifie nullement le silence des souverainistes libanais de tous bords. Idriss, dont le poids militaire ne cesse de s’effriter devant la montée en puissance des groupes djihadistes et takfiristes inspirés d’al-Qaëda, finira par se retrouver en marge des arrangements qui se préparent, en dépit ou même à cause du parrainage qatari. Son ALS devrait, en tout cas, composer avec le contrôle du terrain par les djihadistes, ce qui ne manquera pas de l’occuper suffisamment longtemps avant de pouvoir envahir le Liban… Cela non plus, n’explique pas le silence des Libanais, toutes tendances politiques confondues.
La souveraineté est une notion absolue, fixe, invariable et non négociable. Les Libanais ne doivent pas attendre une nouvelle occupation syrienne de leur pays pour réagir. Ils ont le devoir de dénoncer de telles déclarations, lorsqu’elles sortent de la bouche de relais locaux du régime qui se risquent à inviter l’Armée d’Assad à rentrer à Tripoli (Rifaat Ali Eid, Parti Démocratique Arabe), ou lorsqu’elles sont le fait d’un Abdel-Halim Khaddam, d’un Sélim Idriss ou du premier takifiriste de service.