Après Londres, et alors que Berlin planche sur le dossier, c’est Paris qui annonce, par la voix de son Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius sa volonté de proposer d’inscrire le Hezbollah (la branche militaire) sur la liste des organisations terroristes de l’UE. Fabius, qui a fait cette annonce à Amman où il participait à la réunion des “amis de la Syrie”, tend à s’aligner sur le discours britannique et surtout sur le discours américain qui ne fait pas, pour sa part, de distinction entre le Hezbollah et son aile militaire. Les gouvernements britannique et français, dont les prises de position ces dernières semaines à l’égard des développements de la crise en Syrie manquent de cohérence de toute évidence, pensent ainsi rester dans le coup, à la veille de la conférence de Genève 2 et alors que Russes et Américains tendent à monopoliser le dossier syrien. Britanniques et Français agissent, à nouveau, pour lever l’embargo européen sur les livraisons d’armes aux rebelles syriens, et rapidement, avant Genève 2, et choisissent aussi d’accentuer leurs pressions sur le Hezbollah qui se bat en Syrie aux côtés du régime. Sur le terrain, cela n’est pas sans risques pour les Français et pour leurs intérêts.
En effet, alors que les services de renseignements internationaux s’inquiètent du risque de dissémination de milliers de djihadistes sunnites après leur djihad contre le régime de Bachar el-Assad, Paris, qui vient d’annoncer par ailleurs une augmentation des moyens de protection de ses ambassades et représentations officielles au Moyen-Orient, entend ainsi accentuer la pression sur l’axe syro-irano-Hezbollah et surtout donc sur le Hezbollah lui-même. Les Français le font jusqu’à prendre le risque de se retrouver en confrontation ouverte avec les services iraniens et leurs relais régionaux, au Liban mais aussi peut-être dans certains pays africains où les réseaux du Hezbollah sont bien présents. Pourtant, Paris sait parfaitement bien que le choix du Hezbollah de combattre aux côtés du régime syrien est un choix stratégique, qu’on peut approuver ou dénoncer, mais c’est un choix qui n’est nullement affecté par de telles décisions françaises ou européennes. En tout cas, pas dans le contexte actuel, et en l’absence d’une issue de sortie pour la crise syrienne, et en l’absence d’arrangements qui stabiliseraient le front sunnite-chiite au Levant et dans le fief libanais du Hezbollah.