Les libres penseurs du Monde Arabe doivent se réjouir de l’arrivée sur le marché d’un nouveau think-tank, le Beirut Institute. On doit s’attendre à ce que ce nouveau centre de réflexion, qui rayonne à partir de Beyrouth, enrichisse le débat sur de nombreuses questions pressantes qui agitent actuellement le Monde Arabe. Mais aussi, on peut légitimement craindre que le Beirut Institute ne finisse par rejoindre la longue liste des centres de recherches et d’études aux titres ronflants et aux moyens conséquents, mais devenus très vite stériles car au service du prince et de sa cour…
MESP, qui souhaite le succès au Beirut Institute, s’est toujours intéressé à de telles initiatives, en les encourageant, mais n’a jamais hésité non plus à regretter ouvertement leur production incertaine, leurs méthodes de fonctionnement, et surtout leur manque d’indépendance par rapport au monde politique. Notre analyse intitulée “Les think-tanks dans le Monde Arabe: des boîtes sans idées et sans résonance“, reprise par l’Observatoire des Think-Tanks, reflète notre inquiétude à l’égard du risque de récupération et de sponsoring de ces “boîtes à idées” par des dirigeants politiques et des systèmes peu regardant sur la liberté de pensée. L’Arabie saoudite, très impliquée dans la politique libanaise, et dont les relais contrôlent financièrement, ou influencent, de nombreux médias libanais et panarabes [Voir notre analyse « Saudi Arabia and the struggle to control the flow of information »], est un des soutiens déclarés du Beirut Institute qui compte parmi les membres de son Conseil de direction le prince Turki el-Fayçal, ancien chef des RG et ancien Ambassadeur reconverti dans “la réflexion libre” depuis quelques années… L’Iran, rival de l’Arabie saoudite sur la scène libanaise, finance aussi et soutient des centres de réflexions beyrouthins qui relaient et défendent, naturellement, les idées et les intérêts de la république islamique et de ses alliés.
MESP souhaite, au nom de l’utilité nationale pour le Liban et le Monde Arabe, que le Beirut Institute gagne en indépendance vis à vis de son sponsor saoudien, afin d’être en mesure de contribuer réellement et efficacement au débat d’idées, un exercice pas si commun dans le royaume wahhabite.