Dans son intervention télévisée du 28/03, le Président français François Hollande a dénoncé la poursuite des livraisons d’armes russes au régime de Bachar el-Assad, tout en estimant qu’il y avait “trop d’incertitudes” encore pour que la France procède à des livraisons d’armes aux rebelles. La France semble ainsi reculer d’un pas sur le dossier de l’armement, alors qu’elle poussait les autres Etats de l’UE à débloquer les aides militaires aux rebelles.
Dans ce domaine, l’action du gouvernement russe paraît plus cohérente, sous l’impulsion d’un Complexe Militaro-Industriel très directement engagé dans la crise syrienne depuis le début. MESP s’est souvent intéressé à l’influence du Complexe Militaro-Industriel russe dans la crise syrienne, à travers notamment une série d’analyses dont : “Critiques à Eurosatory contre Rosoboronexport: le poids du CMI russe dans la crise syrienne” (14/06/12) et “Irak – Russie : Nouri al-Maliki et le Complexe Militaro-Industriel russe consolident l’axe syro-iranien” (08/10/12).
MESP, qui ne peut voir un dénouement possible de la crise syrienne qu’à travers des arrangements directs entre Moscou et Washington, estime que l’administration américaine s’implique de plus en plus actuellement en Syrie, même si son engagement est à l’évidence prudent et très progressif. L’implication américaine passe par une meilleure coordination des actions, désorganisées, sinon contradictoires, menées par les multiples axes et courants qui animent l’Opposition syrienne et leurs sponsors régionaux et internationaux, comme le suggère l’analyse : “Syrie: Washington pose ses conditions à ses alliés avant les grandes manoeuvres avec Moscou” (27/03/13).
La prudence exprimée le 28/03 par le Président Hollande pourrait s’expliquer par une volonté française, et européenne, de laisser faire l’allié américain dans ce bras de fer qui engage désormais ouvertement Moscou et Washington. Hollande fait un “geste” en tempérant sa volonté d’armer les rebelles. Espère-t-il de Moscou, une initiative pour réduire son aide militaire au régime? C’est en tout cas à Washington, directement, et non à Paris, que Moscou le signifierait, éventuellement, lorsque l’heure des grands arrangements aurait sonné…