L’agence de presse saoudienne officielle SPA a annoncé le 01/02 la nomination du prince Muqrin Ben Abdulaziz au poste de deuxième vice-Premier ministre. Muqrin, le plus jeune des fils du Roi Saoud encore en vie, occupe ainsi le poste qu’occupaient ses frères les princes Sultan et Nayef Ben Abdulaziz avant de devenir, l’un après l’autre, princes héritiers.
A la mort de Nayef, le poste de 2ème vice-Premier ministre était resté vacant. Il y avait une réelle difficulté à identifier celui qui occupera ce poste, en fait celui qui sera reconnu, tacitement, comme étant le prochain Prince héritier et donc le prochain Roi. Il y avait aussi une volonté de passer à un autre mode de gouvernance, celui imaginé dans le cadre du Comité d’Allégeance. Ce comité, présidé par le prince Mishaal Ben Abdulaziz, est pratiquement bloqué et ne parvient toujours pas à proposer un mécanisme de succession acceptable par tous les clans princiers qui comptent et par tous les princes ambitieux qui refusent d’être tenus à l’écart de la succession. Il y a eu surtout une compétition interne qui commençait à devenir malsaine selon les standards de la famille royale, car elle devenait publique, attisée par les propres fils du roi fondateur, notamment le prince Talal Ben Abdulaziz.
L’état de santé du Roi Abdullah, très fragilisé depuis sa récente hospitalisation, et celui de son Prince héritier Salman Ben Abdulaziz, atteint d’Alzheimer, ont certainement accéléré la nomination de Muqrin, l’ancien chef des RG, fidèle parmi les fidèles du souverain dont il est le conseiller spécial et l’émissaire personnel. La montée en puissance de plusieurs princes de la deuxième génération, notamment le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz, qui s’est fait nommer Ministre de l’Intérieur avant d’être reçu dernièrement comme un chef d’Etat à la Maison Blanche, a dû pousser le Roi et ses proches à ne plus attendre pour imposer le prince Muqrin au poste de 2ème vice-PM.
Abdullah, qui tolère la mise à l’écart des fils de l’ex-Roi Fahd Ben Abdulaziz, notamment les princes Mohammad Ben Fahd Ben Abdulaziz et Abdulaziz Ben Fahd Ben Abdulaziz, obtient ainsi, avec Salman dont il a nommé les fils à des postes-clés, et avec Muqrin, des garanties pour ses propres fils après lui (les princes Mitaab Ben Abdullah Ben Abdulaziz et Abdulaziz Ben Abdullah Ben Abdulaziz notamment, et qui occupent respectivement les postes de Ministre d’Etat, commandant de la Garde nationale, et vice-Ministre des Affaires étrangères). Avec Muqrin, le très influent “dircab” du Roi Abdullah, Khaled al-Tueïjri, doit se sentir lui aussi rassuré sur son avenir et sur celui de son clan.
La nomination de Muqrin Ben Abdulaziz au poste de 2ème vice-Premier ministre (le poste de Premier ministre est occupé traditionnellement par le Prince héritier), signifie, pratiquement, que Muqrin est le Prince héritier du Prince héritier. Sa présence, en tant que prince de la première génération, doit assurer une certaine stabilité à la tête du pouvoir, et calmer les ardeurs des princes de la deuxième génération, surtout ceux qui ont succédé à leurs aînés à divers postes ministériels et administratifs et qui seraient tentés de brûler les étapes à la faveur du vieillissement des fils de Saoud et aussi des évolutions internes, régionales et internationales.