Le diwan royal a annoncé le 14/01 la nomination par le Roi Abdullah Ben Abdulaziz du prince Saoud Ben Nayef Ben Abdulaziz au poste de Gouverneur de la Province Orientale. L’information est reprise par l’agence de presse saoudienne officielle SPA, et par les agences de presse régionales et internationales. Trois remarques concernant cette nomination s’imposent à chaud :
(i) Nomination de Saoud Ben Nayef Ben Abdulaziz : le fils de l’ancien Prince héritier et Ministre de l’Intérieur Nayef Ben Abdulaziz, bénéficie du soutien de son puissant frère le Ministre de l’Intérieur le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz qui contrôle aussi, via son Ministère, les activités des gouverneurs des provinces. Mohammad Ben Nayef, étoile montante du système et qui semble bénéficier d’un soutien américain de plus en plus grand, renforce ainsi sa mainmise sur la très stratégique Province Orientale par le biais de son frère Saoud (Lire l’analyse de MESP : « Arabie saoudite: Mohammad Ben Nayef poursuit son ascension »).
(ii) Eviction de Mohammad Ben Fahd Ben Abdulaziz : le fils de l’ancien Roi Fahd, haï par les populations chiites locales qui n’appréciaient pas sa manière forte de gérer leurs affaires et qui l’accusaient également de corruption, est évincé de son poste de gouverneur qu’il occupe depuis plusieurs années, sans ménagement. A moins qu’une nouvelle position ne lui soit proposée rapidement, il devrait rejoindre, dans la marginalisation, son frère Abdulaziz Ben Fahd Ben Abdulaziz, dit “Azzouza”, le fils préféré de Fahd. Abdulaziz, après avoir été Ministre d’Etat et en charge des affaires du gouvernement sous le règne de son père puis sous Abdullah, a lui aussi été mis en marge du système, à cause, semble-t-il, de ses désaccords avec le “Roi de l’ombre” Khaled al-Tueïjri. Sponsor pendant longtemps de l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, et ex-associé de la famille Hariri dans Saudi Oger, Abdulaziz, qui dispose d’une fortune colossale amassée du temps de son père et héritée de ce dernier, ne désespère pas de retourner aux affaires. Associera-t-il son frère Mohammad Ben Fahd à ses projets? Ou seront-ils tous deux définitivement exclus du premier cercle du pouvoir, alors que les remaniements actuels visent surtout à préparer l’après-Abdullah? Le clan des Sudaïris s’effrite-t-il à l’approche de l’heure de vérité et du passage à la nouvelle génération?
(iii) Pétrole et minorités chiites : En renforçant son contrôle direct et sans partage sur la Province orientale, “le clan Nayef” tient deux cartes maîtresses du jeu politique saoudien, avec leurs dimensions internes, régionales et internationales : les hydrocarbures et la minorité chiite (Lire l’analyse de MESP : « Le pétrole saoudien sous la protection du clan Nayef et des Américains »). Mohammad Ben Nayef contrôle ainsi, directement, les réserves et gisements d’hydrocarbures de la riche province, et tient, directement aussi, la turbulente minorité chiite. Cela doit s’inscrire dans le cahier des charges établi avec les Américains, dans le cadre de la préparation de la succession à Riyad.