Les médias saoudiens rapportent les visites, régulières, de princes et de personnalités à la Cité médicale de la Garde nationale pour s’enquérir de l’état de santé du roi Abdullah Ben Abdulaziz. Le souverain, qui a été “montré” à la télévision pendant quelques minutes une dizaine de jours après son opération, est toujours sous surveillance médicale très stricte, ses médecins, américains, redoutant de nouvelles complications. Abdullah demande à être transféré à sa ferme ou à son palais à Riyad, dotés tous deux d’hôpitaux. Cela dépendra de la stabilisation de son état de santé au cours des prochains jours.
Entre-temps, l’observateur anonyme du palais, @Mujtahidd, insiste sur le rôle que jouent le “dircab” du roi, Khaled el-Tueïjri, et le fils du roi, le prince Mitaab Ben Abdullah Ben Abdulaziz, Ministre d’Etat et commandant de la Garde nationale, dans la gestion des affaires officielles et privées d’Abdullah Ben Abdulaziz au cours de la présente phase. Selon Mujtahidd, Khaled al-Tueïjri, qui se voyait déjà exclu du jeu politique interne avec l’hospitalisation risquée du souverain, a très vite rebondi, à la faveur de l’amélioration de la santé d’Abdullah, jusqu’à imposer un “périmètre de sécurité” autour de lui pour filtrer lui-même, avec le prince Mitaab, les princes admis dans le premier cercle. Seuls le Prince héritier Salman Ben Abdulaziz, et les fils du roi, peuvent rencontrer Abdullah. Même le prince Mishaal Ben Abdulaziz, qui a pu le rencontrer après l’opération et lors de la visite des caméras de télévision, a du mal à le voir à nouveau. Il a pourtant la lourde responsabilité de gérer le Comité d’allégeance, et donc, de piloter, avec les membres et clans influents, la question de la succession. Même le très influent Ministre de l’Intérieur le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz, que Khaled al-Tueïjri cherche pourtant à ne pas provoquer, a du mal à être admis dans les salons privés du roi.
Mitaab, qui s’érige en défenseur des intérêts privés et familiaux du roi Abdullah et de son clan, s’accommode parfaitement de la situation, dans l’espoir d’imposer, du vivant de son père, un modus operandi qui lui permettrait d’éviter le sort d’un Abdulaziz Ben Fahd Ben Abdulaziz par exemple… Mitaab, qui a le titre de ministre d’Etat, comme avant lui le fils préféré du roi Fahd, a aussi celui, qui comptera dans l’immédiat après-Abdullah, de commandant de la puissante Garde nationale. Il impose son tempo aujourd’hui, à la Cité médicale de la Garde nationale, dans l’espoir de garantir sa place et celle de ses frères dans la succession. Khaled al-Tueïjri joue un jeu bien plus risqué, allant jusqu’à superviser lui-même la préparation du budget de l’Etat, un levier crucial lorsqu’il s’agit d’influencer voire de contrôler les ministères et les administrations.
Mujtahidd ne manque pas de souligner que c’est la première fois de l’histoire du royaume qu’un outsider des Al Saoud monopolise la préparation du budget et l’affectation des richesses entre les ministères et les diverses parties du pouvoir. Il insiste cependant sur la prudence dont fait preuve al-Tueïjri en traitant avec le Ministère de l’Intérieur et avec le prince Mohammad Ben Nayef, de plus en plus redouté au sein de la famille et du pouvoir, et qui contrôle, via son ministère, plusieurs positions sensibles dont celles, monopolisées par les princes, de gouverneur des provinces. En fait-il autant avec le Ministère de la Défense, alors que la maladie d’Alzheimer du Ministre de la Défense le prince héritier Salman Ben Abdulaziz lui offre une marge de manoeuvre inestimable? Cela n’est pas si sûr, puisqu’il a à traiter avec le vice-ministre de la Défense le prince Khaled Ben Sultan Ben Abdulaziz, très soucieux de défendre son précarré, sans parler de certains fils du PH qui peuvent redoubler de vigilance aujourd’hui.
Le Roi Abdullah attend d’être sorti de son isolement à la Cité médicale de la Garde nationale, un isolement que Khaled al-Tueïjri et le prince Mitaab Ben Abdullah tentent de prolonger, pour reprendre les choses en main. Les prochains jours montreront si son état de santé le lui permettra, et si ses proches l’y encourageront.
Update: Le diwan royal a annoncé, le 13/12, que le Roi Abdullah a quitté l’hôpital, près d’un mois après son opération.