Alors que le Prince héritier Salman Ben Abdulaziz, vice-Premier ministre, Ministre de la Défense, rassurait les ministres réunis le 26/11 à Riyad, sur l’état de santé du Roi Abdullah, hospitalisé neuf jours plus tôt, la presse saoudienne, dont l’influent quotidien al-Hayat (27/11), rassurait les Saoudiens sur l’influence du souverain wahhabite dans le monde musulman. Salman, qui s’était rendu avant le Conseil des ministres au chevet de son demi-frère Abdullah à la Cité médicale de la Garde nationale, n’était pas particulièrement rassurant en évoquant, très brièvement, en trois mots comme le rapporte l’agence de presse officielle SPA (26/11), l’état de santé du Roi. Par contre, le quotidien du vice-Ministre de la Défense le prince Khaled Ben Sultan Ben Abdulaziz, l’était plus en annonçant, de manière décalée et surréaliste, le choix par le Royal Islamic Center for Strategic Studies de Jordanie du Roi Abdullah Ben Abdulaziz comme la personnalité la plus influente du monde musulman pour l’année 2012… L’année n’est pas finie, et il est plus qu’improbable que le même Abdullah (apparu à la tėlévision saoudienne le 28/11 recevant les princes et notables venus à son chevet) reste aussi influent en 2013… Les rumeurs enflent sur la détérioration de son état de santé, et on parle même de “mort clinique” du souverain. L’ex-Prince héritier, Nayef Ben Abdulaziz, décédé le 16/06, recevait, officiellement, les princes et notables saoudiens encore la veille… Le discours officiel se voulait rassurant, jusqu’à la dernière minute, c-à-d jusqu’à la constatation du décès.
Selon la religion islamique, le défunt doit être enterré dans les 24 heures qui suivent le décès (mort naturelle). Seule une “mort clinique” donnerait une marge de manœuvre supplémentaire aux responsables saoudiens afin de mieux préparer l’après-Abdullah. On est toujours dans la spéculation, et rien ne permet de confirmer ou d’infirmer les rumeurs sur la détérioration grave de l’état de santé du Roi et sur sa mort, cliniquement. Mais, les membres influents de la famille, sans parler des parties extérieures à la famille et concernées par la stabilité du pouvoir et du royaume, qui s’inquiètent aussi de l’état de santé du PH Salman (atteint de la maladie d’Alzheimer) et de l’absence d’une troisième personnalité toute désignée pour seconder le successeur d’Abdullah (le poste de 2ème vice-PM étant toujours vacant), sont déjà à pied d’œuvre pour préparer l’après Abdullah-Salman. Le Comité d’Allégeance présidé par le prince Mishaal Ben Abdullah, qui a précédé Salman au chevet du Roi le 21/11, semble bloqué et incapable d’imposer un arrangement rapide, acceptable par tous, et respectant la procédure prévue. L’urgence pourrait finir par imposer une solution de compromis, qui assurerait une succession sereine du Roi Abdullah, et qui ouvrirait la voie à celle, qui s’annonce encore plus compliquée, de Salman. L’entrée en scène des étoiles montantes de la nouvelle génération, surtout le nouveau Ministre de l’Intérieur le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz et ses cousins fils de Fayçal, Fahd, Abdullah, Sultan et Salman Ben Abdulaziz, risque de compliquer la donne encore plus. Le passage de la génération des fils du roi fondateur Abdulaziz à celle des petits-fils pourrait-il aussi être un passage obligé, voire douloureux, mais finalement salutaire, vers un pouvoir plus moderne et plus ouvert? A suivre.