Fadi Assaf.
Alors que la survie du gouvernement du Premier ministre Najib Mikati est incertaine, à terme, les diverses parties qui composent le cabinet ont finalement surmonté leurs divergences pour débloquer le dossier pétrolier, et approuvé, en Conseil des ministres le 07/11 et contre toute attente, la nomination des membres de la Commission qui sera en charge du développement du secteur (Voir notre rubrique « Lebanon – Oil & Gas Updates »).
De tous les enjeux actuels, celui de l’exploitation du gaz/pétrole revêt une importance absolue pour les diverses parties locales: celui qui contrôle le secteur, gouvernera le pays… A chaque époque, ses outils de contrôle: il y a eu l’éducation (une bonne chose, en dépit des injustices possibles), la démographie, la Constitution, l’administration, la force (y compris l’armement illégal), les soutiens étrangers (y compris militaires et financiers)… Avec la décadence générale des deux dernières décennies, on a vu émerger, comme principal outil de contrôle de la vie politique libanaise, un partage mafieux et affairiste des richesses du pays…Heureusement, des garde-fous constitutionnels existent. Quoique…
Le secteur du gaz et du pétrole ne risque-t-il pas de finir par ressembler au secteur du GSM? Les licences de la téléphonie mobile avaient été distribuées aux parties politiques les plus en vue dans les années 90, et aux milieux d’affaires qui gravitaient dans leur orbite, sous l’autorité de la force d’occupation syrienne, et avec la bienveillance des partenaires internationaux et de leurs opérateurs… Le schéma est aujourd’hui identique, avec le gaz à la place du cellulaire… Tous les acteurs du GSM ne sont pas associés au tour de table du gaz et du pétrole, et tous ceux qui se retrouvent associés aujourd’hui à l’exploitation de ces nouvelles richesses nationales n’étaient pas du temps du cellulaire.
Une question d’époque, d’évolutions politiques, et de jeu de chaises musicales… La composition du pouvoir politique actuel, comme le reflètent si bien la composition du gouvernement actuel et les perspectives politiques immédiates, est visible dans la constitution du Conseil d’administration de la Commission du pétrole. Certes, cette commission est nommée pour une période de six ans, renouvelable, et pas pour l’éternité… Mais six ans (x2) sont suffisants, en principe, pour que les jeux soient (définitivement) faits… Certes, la Commission ne dicte pas la politique générale du pays en matière de pétrole et de gaz, mais, le parapluie politique qui la protège ne lui assure-t-il pas un tel rôle pratiquement?
En tout cas, tout est fait pour que le jeu politique se poursuive au sein de cette commission et dans le domaine gazier et pétrolier: il y a la suprématie du noyau dur du 8 Mars (le tandem Amal-Hezbollah et le Courant Patriotique Libre), il y a les alliés conjoncturels (Joumblatt, Mikati)… Curieusement (?), il y a une légère ouverture sur le 14 Mars, en la personne de l’ancien PM et président du Bloc parlementaire du Courant du Futur Fouad Siniora (même si cette “ouverture”, avec la nomination de Wissam Zahabi est relative, ce dernier étant sous le parapluie de l’ex et de l’actuel PM). Comme quoi, toutes les portes ne sont pas fermées pour après…
Une version légèrement modifiée de cet article a été publiée dans Libnanews, le 8 novembre 2012, sous le titre “Qui contrôle le gaz, gouvernera le pays…”.
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