Le Président français François Hollande a longuement évalué l’opportunité d’une visite éclair au Liban, avant le sommet prévu à Riyad avec le Roi Abdullah Ben Abdulaziz le 04/11 et avant de se rendre au Laos. Il a choisi, sur les conseils de son Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et de l’Ambassadeur de France au Liban Patrice Paoli, de brusquer le calendrier franco-libanais et de se rendre à Beyrouth après Riyad, sans attendre la visite, qui sera vraisemblablement remise en question, du Premier ministre libanais Najib Mikati à l’Elysée programmée initialement pour le 18/11. A Paris, Mikati devait donner son point de vue sur les affaires libanaises et régionales, et coordonner avec les autorités françaises une série de programmes de coopération au profit des forces armées et de sécurité libanaises, et surtout au profit de l’économie libanaise. La présence, à cette période, à Paris, du Gouverneur de la Banque centrale libanaise Riad Salamé, devait donner un poids supplémentaire aux sollicitations économiques et financières de l’équipe Mikati. Tout cela reste prioritaire aux yeux des autorités libanaises et françaises, mais les récentes évolutions au Liban et en Syrie nécessitaient une accélération du calendrier et une révision des priorités bilatérales. Hollande, qui a choisi de redynamiser les relations franco-saoudiennes, parallèlement au renforcement soutenu des relations franco-qataries et aux liens stratégiques liant Paris et Abu Dhabi, décide de ne pas accorder, dans le contexte actuel, une quelconque exclusivité au PM Mikati dont les relations avec les dirigeants saoudiens sont désormais incertaines. Le Président français décide donc de venir au Liban voir toutes les parties libanaises, avant un ultime briefing avec les dirigeants saoudiens.
La scène libanaise est sous forte tension, et les divergences politiques sont exacerbées. La France tente une approche unificatrice, en choisissant de s’adresser, à travers son Président et à Beyrouth même, à toutes les parties libanaises, sans exclusive. La décision de F. Hollande de ne pas attendre de s’entretenir, dans deux semaines, à Paris, avec le seul Premier ministre libanais de plus en plus contesté à Beyrouth et à Riyad, mais de venir au Liban, s’adresser à l’ensemble des responsables politiques libanais, est une décision pertinente. C’est, avant tout, un message d’appui aux institutions de la république libanaise : au Président Michel Slaïman, au Président du Parlement Nabih Berri, et au Premier ministre Najib Mikati. C’est aussi un message de soutien à la stabilité du Liban, à sa souveraineté, et à son indépendance. Au-delà de cela, le Président français vient réaffirmer que la France, en défendant la souveraineté, l’indépendance et la stabilité du Liban face aux pressions externes et internes, reste à égale distance par rapport aux parties libanaises.