La saison du pèlerinage aux lieux saints de l’islam est traditionnellement l’occasion pour le Ministère de l’Intérieur et pour le Ministre en personne, mais aussi pour d’autres responsables saoudiens dont le gouverneur de La Mecque, pour accroître leur visibilité et renforcer leur légitimité. Le pèlerinage, comme d’autres occasions religieuses, est aussi l’occasion pour les princes ambitieux et pour les responsables religieux, civils et militaires, de se manifester et de se positionner dans les cercles rapprochés du Gardien des Lieux Saints et au sein de la cour royale. Des responsables étrangers, dont des hommes politiques sunnites du monde arabo-musulman et des personnalités religieuses, y voient l’occasion également de se rapprocher, physiquement déjà, de la cour et du roi.
Mais c’est indéniablement le Ministre de l’Intérieur saoudien qui est la star de cet évènement religieux qui est le pèlerinage, un évènement global, qui conforte la place centrale de l’Arabie saoudite au sein de la “oumma” et la légitimité religieuse des Al Saoud. Le Ministre de l’Intérieur est responsable du bon déroulement du pèlerinage, et donc du rayonnement religieux de son pays et de sa famille à cette occasion. Sa crédibilité, son influence au sein du système familial et peut-être aussi son avenir politique peuvent en dépendre, d’autant que les tensions internes (al-Qaëda aujourd’hui, toute autre forme de contestations du pouvoir politico-religieux comme lors de la prise de La Mecque en 1977) et régionales (Iran, etc.) risquent de se répercuter à tout moment sur l’évènement (sans parler des risques d’accidents, d’épidémie, etc.).
Pour le prince Ahmad Ben Abdulaziz, devenu Ministre de l’Intérieur au décès de son frère l’ex-Prince héritier et Ministre de l’Intérieur, il s’agit d’un premier grand test qu’il lui faudrait réussir impérativement pour rester dans la course à la succession. D’autant que son frère le Prince héritier, vice-Premier ministre et Ministre de la Défense Salman Ben Abdulaziz semble de plus en plus favorable à la promotion du prince Ahmad et éventuellement à sa nomination au poste, aujourd’hui vacant, de deuxième vice-Premier ministre, préalablement à son accession au poste de Prince héritier à la mort de leur demi-frère le Roi Abdullah Ben Abdulaziz.