Fadi Assaf.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati, homme d’affaires dont le florissant groupe M1 s’intéresse au gaz (M1 Energy) parmi ses nombreuses activités, s’intéresse, comme homme d’Etat surtout, aux richesses gazières offshore de son pays. Il dirige un gouvernement qui doit gérer une trésorerie catastrophique, et qui doit, malgré tous les blocages politiques internes et les pressions venues d’un environnement de plus en plus instable, préserver une stabilité économique et sociale minimale pour faire passer les crises environnantes… Mikati, qui se trouve aujourd’hui une nouvelle fois Premier ministre à la faveur d’une conjonction de facteurs politiques internes et régionaux, n’arrive toujours pas à proposer son programme socioéconomique global, encore moins à faire avancer son idée d’une nouvelle conférence économique pour le Liban, comme celles de Paris 1, 2 et 3, qu’on baptiserait plutôt Beyrouth 1… L’axe franco-libanais qui avait permis aux conférences de Paris de voir le jour avait pour nom Chirac-Hariri.
Le PM libanais, qui se rend en visite officielle à Paris en novembre pour parler de dossiers régionaux (Syrie) et de la stabilité du Liban, tentera de relancer les aspects et parties non implémentés des conférences de Paris. Mikati, qui s’est associé à un opérateur français sur le marché du GSM libanais au début des années 2000, lorsque le cellulaire constituait la principale caisse noire d’un système politique soumis au diktat syrien avec les encouragements de Paris, Washington et Riyad, a un nouveau lapin qu’il ne manquera pas de sortir de son chapeau pour espérer obtenir l’adhésion de la France à ses projets politiques et économiques : le gaz offshore. Il y a aussi le secteur électrique qui doit être partagé aussi, comme le gaz, entre les diverses composantes politiques et confessionnelles du Liban. Mais le gaz offshore est un projet économiquement viable et il est bel et bien engagé.
Certes, le groupe Total est intéressé par le potentiel gazier en Méditerranée, par le gaz chypriote où le groupe français sera associé au programme d’exploitation, et par le gaz offshore libanais, en dépit des complications libano-libanaises et celles d’ordre géopolitique. Le PDG du groupe Christophe de Margerie, qui avait rencontré Mikati lors de son dernier voyage officiel à Paris, pourrait devenir le moteur de ce nouvel axe économique franco-libanais. Mais les risques sont nombreux pour lui, et exigent de sa part la recherche de nombreuses garanties, françaises, libanaises, régionales (Israël, Qatar, etc.) et internationales (Etats-Unis, Russie). Il pourrait longuement hésiter avant de s’embarquer dans cette nouvelle aventure libanaise, à moins que des impératifs nationaux français ne le poussent vers le gaz offshore libanais, pour accompagner une présence confirmée dans le gaz offshore chypriote et un intérêt à confirmer dans le gaz offshore israélien, et avant de retrouver éventuellement la voie de Damas ultérieurement…