Proche-Orient : Benoît XVI au Liban : un énième appel aux Chrétiens pour résister encore et toujours…

Par Fadi Assaf.

A l’évidence, le Liban risque à nouveau de glisser vers une situation de chaos, sous la pression des évolutions actuelles en Syrie et l’exacerbation des tensions confessionnelles. Les enjeux dépassent le Liban et les Libanais. Ils ont pour grands titres: la sécurité énergétique et son impact sur le rapport des forces internationales, la refonte du Moyen-Orient et la place que les acteurs régionaux ambitionnent d’y occuper, etc. Des enjeux très inaccessibles pour les Libanais qui s’invitent pourtant dans le grand jeu. Cela se traduit par une insécurité grandissante, qui ne se limite pas aux seules régions frontalières de la Syrie.

Une course est engagée entre l’escalade et la retenue, mais rien n’est réellement entrepris pour consolider l’édifice national. L’Etat libanais risque sérieusement la « défaillance », laissant libre cours à l’émergence de forces politiques et miliciennes locales et à des regroupements ethniques, confessionnels, claniques, tribaux et même mafieux, défiant son autorité.

L’Etat libanais qui accepte une présence internationale au sud dans le cadre de la Finul, et qui cohabite avec la puissance militaire du Hezbollah dont l’autonomie est contestée et ouvertement combattue, gère difficilement une présence palestinienne armée. Les interférences régionales et les ingérences directes rendent cet armement lourd (Hezbollah) et moins lourd particulièrement contraignant pour l’Etat et pour son autorité. L’élaboration d’une “stratégie de défense nationale”, à l’ordre du jour du “dialogue national” conduit par le Président Michel Slaiman, est un exercice utile, même s’il s’avère rude. Le dialogue national doit offrir une « ceinture de sécurité » aux Libanais afin de pouvoir traverser la tempête politique et sécuritaire au moindre coût, même s’il ne peut pas offrir une garantie absolue. Il peut préparer des discussions nationales plus sérieuses, dans un contexte géopolitique différent (Syrie), qui aborderaient alors directement les deux principales problématiques nationales : la Constitution (une révision probable de l’accord de Taef, favorable à la communauté sunnite pro-saoudienne) et le monopole de la sécurité (une « légalisation » de la « résistance », aujourd’hui très nettement à l’avantage de la communauté chiite pro-iranienne), deux facettes d’une même monnaie, le pacte national.

C’est à cette étape seulement, que la communauté libanaise chrétienne, affaiblie par ses divisions internes et par les perspectives géopolitiques au Moyen-Orient, trouvera son intérêt, communautaire et national. Il lui faudra survivre, politiquement, au chaos régional et à l’insécurité qu’elle subit sur le plan interne comme les autres composantes de la nation libanaise mais tout en étant désarmée, pour pouvoir compter lorsque le dialogue national planchera sur les questions nationales sérieuses. Cela pourrait être une des interprétations du message que portera le Pape Benoît XVI lors de son voyage au Liban, programmé, en principe, en septembre prochain.

 

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