FLASH : Arabie saoudite : Nayef est mort. Vive Salman

Le Prince Héritier saoudien, vice-Premier ministre et Ministre de l’Intérieur Nayef Ben Abdulaziz est mort le 16/06 à Genève, à l’âge de 79 ans. Opacité oblige, Nayef, qui revenait d’un nouveau séjour médical des Etats-Unis, « se portait bien » jusqu’à l’annonce de son décès, selon les responsables saoudiens et la presse saoudienne, et était « attendu » à Riyad. Pourtant, dans les coulisses, sa succession était en préparation depuis plusieurs semaines déjà.

Son fils et homme fort du Ministère de l’Intérieur, le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz, semble conforté dans sa place, centrale, au sein du système, avec l’appui de Washington qui coopère directement avec lui dans la lutte contre le terrorisme et al-Qaëda (lire notre analyse : « Le pétrole saoudien sous le contrôle du clan Nayef », [Français; English]). Ses autres fils, dont son aîné le prince Saoud qui occupait le poste de chef du diwan du Prince Héritier et qui était resté à ses côtés ces derniers mois, doivent encore négocier leurs prétentions avec le roi Abdullah Ben Abdulaziz et avec l’autre partie du clan Sudaïri auquel ils appartiennent. Le roi Abdullah Ben Abdulaziz, qui a perdu deux princes héritiers « Sudaïris » depuis son accession au pouvoir, le prince Sultan Ben Abdulaziz et aujourd’hui le prince Nayef Ben Abdulaziz, a besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’être secondé activement pour pouvoir assurer une stabilité, vitale dans le contexte interne et régional actuel, du pouvoir familial.

Le prince Salman Ben Abdulaziz, lui aussi du clan des Sudaïris, le clan des « 7 frères » auquel n’appartient pas l’actuel roi Abdullah, était préparé, par son clan et sa famille, à succéder à Sultan et à Nayef. L’actuel Ministre de la Défense, qui a passé plusieurs années au poste stratégique de gouverneur de Riyad, peut être challengé par d’autres princes de premier rang, sans que cela n’affecte sérieusement son positionnement au poste de Prince Héritier. Le « Comité d’allégeance » présidé par le prince Mishaal Ben Abdulaziz (ce dernier était en Europe, où il aurait rencontré le prince Nayef 48 heures avant son décès, avant de se rendre aux Etats-Unis d’où il doit rentrer maintenant pour participer aux obsèques du Prince Héritier), sera sollicité, pour la forme, afin de confirmer le choix pris par le clan Sudaïri avec la bénédiction du roi Abdullah. Alors que la famille royale subit des pressions grandissantes sur le double plan interne (y compris de la part de milieux religieux) et externe (des pressions liées aux évolutions géopolitiques : Bahreïn, Yémen, Iran, Irak, Syrie, Egypte, à la montée en puissance du terrorisme, etc.), il est prévu que le prince Salman, qui a multiplié ces dernières semaines ses contacts diplomatiques, et qui vient de se rendre à Londres, à Washington et à Madrid, soit soutenu dans sa candidature au poste de Prince Héritier par les principaux partenaires internationaux du royaume, notamment par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

La stabilité du pouvoir, synonyme dans le cas saoudien d’une stabilité salutaire du marché pétrolier notamment, et qui paraît encore plus nécessaire pour répondre aux urgences géopolitiques actuelles dans la zone (face à l’Iran, au régime syrien, à al-Qaëda au Yémen, etc.), passe par une passation du pouvoir la plus sereine possible à Riyad. Déjà, il est question de préparer la succession du roi Abdullah. Concrètement, on est à la recherche, à Riyad comme à Washington, d’un nouveau candidat pour le poste de Prince Héritier, puisque c’est une double succession qui est en cours.

 

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